Coronavirus : et revoilà la question des masques et de la confiance
ÉDITO - Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, est pointé du doigt dans sa gestion du stock de masques. Il est accusé de n'avoir commandé, en 2018, que 50 millions de masques au lieu d'un milliard, comme le recommandait un rapport d'experts.

Un déconfinement qui n’en finit plus, et des polémiques qui elles aussi n’en finissent plus. Le coronavirus sape la confiance. Au moment où nous retombons dans une nouvelle forme de confinement, assoupli et en même temps durci, au moment où les doutes se multiplient sur les vaccins, voilà que les sénateurs, à majorité Les Républicains, nous ramènent au début de l’histoire, au péché originel : l’absence de masques.
Ça fait partie de leur rôle, les parlementaires contrôlent le travail du gouvernement. Ces masques donc, qui ne servaient à rien, qu’on ne savait pas porter, et que surtout, nous n’avions pas en nombre suffisant. Jérôme Salomon, aimablement surnommé le croque-mort par des ministres, aurait donc menti. C’est le directeur général de la santé, l’homme le plus haut placé, le plus puissant dans la hiérarchie administrative.
Alors que la doctrine était d’avoir un milliard de masques en stock, il n’en a pas commandé un dixième. Et pour ne pas être contredit, nous sommes fin 2018, il a tenté de faire disparaitre d’un rapport la recommandation initiale. Néanmoins, il s'agit du pire moment pour remuer tout ça. C’est comme les perquisitions avec 80 enquêteurs au petit matin chez le ministre de la Santé et l’ancien Premier ministre, en pleine épidémie. Mais, puisque là, c'est sur la place publique, nous ne pouvons pas faire abstraction de cette information. Le Professeur Salomon a répondu qu’il n’avait exercé aucune pression pour faire disparaître ce besoin d’un milliard de masques.
Le mensonge, ennemi du coronavirus
Mais lorsque l’on part sur un mensonge, l’absence de masque et leur inutilité, et que ce mensonge n’est jamais reconnu, jamais purgé, il ne faut pas passer son temps à se désoler du manque de confiance des Français. Jérôme Salomon est directeur général de la santé, il est responsable de ses décisions, ce n’est pas un bouc émissaire, ce n’est pas un fusible.
C’est quelqu’un qui, aujourd’hui, exerce encore un rôle essentiel dans la stratégie de lutte contre la pandémie. Ainsi, aux yeux du gouvernement, sa démission serait sans doute une reconnaissance de faute, de culpabilité. Ce serait même une défaite politique, alors que c’est tout le contraire.
En effet, ne jamais reconnaitre une seule faute alimente les soupçons et la défiance. Cela fait tourner ce procès excessif d’un gouvernement qui serait nul, le plus nul de toute l’Europe. Un peu comme ces scientifiques des plateaux télés aux prédictions aléatoires. Puisqu’ils ont menti une fois, pourquoi ne mentent-ils pas sur tout le reste ? Voilà comment on sape la confiance, dont nous avons tant besoin, contre la Covid-19.
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