Emmanuel Macron va prononcer, ce lundi 13 avril à 20 heures, son quatrième discours depuis le début de la crise liée à la pandémie de coronavirus. On attend évidemment des précisions, notamment sur la durée du confinement et sur la réouverture des écoles.
Mais vous aurez noté que des conseillers de l’Élysée, dans un subtil exercice de communication à l’ancienne, nous ont fait passer le message : il faut s’attendre à un discours très long, disent-ils. Un discours "churchilien". "Churchilien", ça veut dire "je n’ai à vous promettre que du sang et des larmes", référence au discours prononcé par Winston Churchill pendant la bataille d’Angleterre. Un discours historique, un discours de mobilisation. On avait eu Clemenceau, et on continue dans le costume de théâtre et les envolées lyriques.
Franchement, est-ce que vous avez eu l’impression que Boris Johnson, dans ses cinq minutes d’allocution, avait joué au chef de guerre ? Et Angela Merkel, quand elle a annoncé que 60 à 70% de la population allemande serait infectée, elle a pris une posture ? Si on veut souder une nation, on le fait en quatre minutes, comme la reine d’Angleterre. Si on veut rassurer, on répond précisément aux questions qui se posent. On ne disserte pas.
Cependant, Emmanuel Macron va tout de même être concret : il va parler du déconfinement, entre autres choses. On verra bien quelles seront les annonces précises. On comprend bien que la situation est totalement inédite, complexe et que ceux qui prétendent avoir des réponses miracles sont des faiseurs.
Un confinement trop prolongé aura des conséquences économiques
Natacha Polony, sur RTL
Mais c’est justement pour ça que les Français demandent un peu d’humilité. Des précisions, c’est tout. Combien avons-nous de tests disponibles ? Comment peut-on en produire ? Quels seront les critères qui détermineront les étapes du déconfinement ?
Parce que, pour l’instant, le discours qu’on entend de la part des médecins - "tant qu’on n’a pas atteint une immunité de groupe suffisante, il est dangereux de déconfiner" - est lunaire. Puisqu’on se protège, on ne peut pas atteindre cette fameuse immunité de groupe, donc on fait quoi ? On reste confinés jusqu’à ce qu’il y ait un vaccin ?
En même temps, il est rassurant que le Président s’appuie sur les recommandations du comité scientifique, dans une certaine mesure, mais avec l’idée qu’un confinement trop prolongé aura des conséquences économiques, sociales et même sanitaires au moins aussi tragiques que le virus. Il y a donc un arbitrage politique à mener, qui n’a rien à voir avec de la com' et qui représente une prise de risque. Et en démocratie, on informe les citoyens des critères de cet arbitrage en toute transparence. Sans bla-bla, sans effets de manches.
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