Comme elle l'a été cet été avec les Jeux Olympiques, Paris sera demain la capitale du monde. Un instant de prestige pourtant bien éphémère, car la crise institutionnelle que vit la France a de multiples conséquences. D'abord, elle dégrade son image. Le célèbre magazine britannique The Economist ne se prive pas d'étaler en couverture une tour Eiffel surplombée d'un "merde" et assortie de ce constat : la France plonge dans l'inconnu. Mais au-delà, alors que nos troupes doivent se retirer d'Afrique, c'est l'action de notre pays qui est affaiblie.
Mercredi, en visitant les nécropoles saoudiennes d'Al-'Ula, Sébastien Lecornu et Jean-Noël Barraud, les ministres des Armées et des Affaires étrangères, me confiaient qu'ils allaient se rendre tous les deux lundi prochain au Liban pour bien marquer le soutien de la France aux fragiles cessez-le-feu avec Israël. Pas sûr qu'ils s'y rendent désormais et, même si c'était le cas, que vaudrait la parole d'un ministre en partance ?
Il s'agit d'abord de l'Europe, car la France est l'un de ses moteurs avec l'Allemagne. Or, le couple franco-allemand, qui souffre déjà de la mauvaise relation entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz, risque d'être encore affaibli. Le chef de l'État pourra moins peser et orienter l'Europe comme il le souhaiterait. Face aux États-Unis, sa quête d'une autonomie stratégique européenne sera plus laborieuse, car la voix de la France sera moins entendue par les alliés de Donald Trump, que ce soit le Hongrois Orban ou l'Italienne Meloni.
Mais au-delà, c'est l'organisation même de l'Europe qui sera plus ardue face à un président américain qui menace de se désengager de la guerre en Ukraine. Notre instabilité, en revanche, ravit les régimes autoritaires, la Turquie, la Russie, la Chine, qui, eux, n'ont pas de tels problèmes. Sans oublier nos richissimes alliés du Moyen-Orient sur lesquels on compte pour investir en France. Or, l'instabilité ne fait pas bon ménage avec l'attractivité.
La France reste une puissance nucléaire, un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, mais avec une dette de 3.000 milliards et une incapacité à se réformer. Cette crise nous rappelle que nous ne sommes plus qu'une puissance moyenne. En l'espace de quelques mois, nous avons eu quand même trois ministres des Affaires étrangères, cette instabilité déroute leurs homologues étrangers, tout en renforçant les dérives de notre système. La valse des ministres au Quai d'Orsay l'affaiblit encore face à l'Élysée, déjà tout-puissant sous Emmanuel Macron. Face à un ministre faible, son directeur de cabinet peut prendre la main. Le politique cède alors aux technocrates.
Au final, le risque est que la parole du président de la République, déjà dégradée par son absence de résultats tangibles dans les grandes crises, se démonétise encore plus. Bref, que la France, encore admirée pour son art de vivre et ses joyaux architecturaux, ne soit plus que poliment écoutée à travers le monde.
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