Guerre en Ukraine : "On assiste clairement à un changement d’échelle dans la guerre", estime Georges Malbrunot

Les mots ont un sens et ceux qui sont sortis de la bouche de Vladimir Poutine, hier soir, ont de quoi faire frémir. Le président russe a été très clair : il parle désormais de conflit “mondial” et n’exclut rien. Il ne faut pas encore trembler, mais il faut prendre au sérieux Vladimir Poutine qui n’exclu pas de frapper les Occidentaux, après le lancement sur l’Ukraine d’un missile balistique russe conçu pour emporter des têtes nucléaires. 

Le maitre du Kremlin envoie là un message stratégique et politique fort à la fois à Kiev et aux Occidentaux, qui ont d’ailleurs très vivement réagi à cette escalade. On assiste clairement à un changement d’échelle dans la guerre, c’est la première fois que les Russes emploient un missile dont la portée est supérieure à 2.000 kms. 

C’est beaucoup plus un acte politique que militaire, car le bilan de cette attaque, dont les États-Unis avaient été prévenus, est pratiquement nul et les Russes disposent très peu de ce genre de missile et il leur coûte cher. 

Quel est le sens alors de ce message russe ?

Ce message est un avertissement que Moscou est prêt à l’escalade. Poutine hausse très fortement le ton en déclarant que la Russie est prête à tous les scénarios et que le conflit en Ukraine est désormais à caractère mondial. C’est une façon d’impressionner les Occidentaux. 

Au millième jour de la guerre mardi dernier, Moscou a publié une nouvelle doctrine nucléaire, doctrine qui étend le possible emploi de la bombe en cas d’attaque "massive" par un pays non nucléaire, mais soutenu par une puissance nucléaire. Il s’agissait d’une réponse directe à la récente attaque de l'Ukraine sur son territoire avec des missiles américains de longue portée, que Washington a autorisé officiellement dimanche dernier et ce pour la première fois. Un revirement que le Kremlin assimile à une menace accrue de l’Occident. 

Une escalade potentiellement dangereuse

Même si ce n’est pas la première fois que Poutine agite le chiffon rouge nucléaire, cette escalade est potentiellement dangereuse. Cependant, cette récente autorisation américaine de frapper en profondeur le territoire russe intervient trop tard, elle ne changera pas le rapport de force. D'autant que les États-Unis n’ont pas de raison, ont-ils dit, d’annoncer un changement de doctrine nucléaire, estimant qu’il s’agissait du même discours russe irresponsable depuis deux ans. 

Ces déclarations ne satisfont pas le président ukrainien Volodymyr Zelensky qui a regretté que l’escalade russe n’ait pas entraîné de réaction internationale forte. "Nous devons mettre la pression, a-t-il dit. Il faut pousser la Russie à une véritable paix, qui n'est possible que par la force." 

Le problème, c’est que Donald Trump entend mettre un terme à la guerre quand il entrera en fonction dans deux mois, mais plutôt par la diplomatie, sachant hélas pour Kiev que sur le terrain, les troupes russes ont l’avantage. Une pression militaire que Vladimir Poutine vient de renforcer par une pression politique avec ces dernières déclarations menaçantes.

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02/06/2025 à 05:46 - 01m16s