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"C'est de l'argent public !" : comment la question des notes de frais s'invite dans la campagne des municipales

À l'approche des élections municipales de mars 2026, la question de la transparence des frais de représentation des élus s'impose comme un enjeu majeur. Des polémiques récentes, notamment à Paris, ont ravivé le débat sur l'utilisation de l'argent public, poussant certains candidats à exiger des comptes détaillés.

La mairie de Paris.

Crédit : THOMAS COEX / AFP

Thomas Despré - édité par Eléonore Aparicio

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Dans exactement trois mois, le 15 mars 2026, auront lieu les élections municipales, suivies du second tour le 22 mars. Après les nombreuses polémiques autour des frais de représentation des élus, la transparence est devenue un argument de campagne. 

La maire du 8ᵉ arrondissement de Paris avait provoqué un tollé en octobre dernier en tentant de justifier ses 36.000 euros de vêtements achetés grâce à l'argent du contribuable. "Effectivement, j'ai cette image de maire toujours bien sapée. Et d'ailleurs, je profite de l'occasion pour remercier tous nos concitoyens qui nous permettent d'avoir ces indemnités", avait-elle déclaré. 


L'élue a promis de rembourser, mais cette polémique a donné des idées à des associations, des collectifs de citoyens, notamment à Angers, ville de l'ancien ministre Christophe Béchu. Noam Leandri candidat sur une liste de gauche face au maire sortant, lui a demandé des comptes et il a saisi l'État pour forcer la mairie à justifier le montant versé chaque année à M. le maire.

Quand on a 100.000 euros d'indemnités par an, est-ce qu'on n'est pas capable de se les payer soi-même ?

Noam Leandri, candidat à la mairie d'Angers

"Il y a 9.000 euros qui sont attribués de façon assez discrétionnaire et donc on a envie de savoir qu'est-ce qu'il en faisait concrètement. Est-ce que c'est pour des costumes ? Est-ce que c'est pour inviter des amis à déjeuner ?", se questionne-t-il. 

Christophe Béchu a finalement communiqué le détail de ses dépenses, incluant des vêtements, des nuits d'hôtel et des notes de taxi. En somme, rien de véritablement surprenant ni d'illégal.

Pour Noam Leandri, c'est la preuve qu'il faudrait tout simplement supprimer ses frais de représentation. "Quand on a 100.000 euros d'indemnité par an, est-ce qu'on n'est pas capable de se les payer soi-même ? On devrait en plus lui acheter ses costumes, en plus lui payer son coiffeur. Franchement, c'est quand même ridicule", dénonce-t-il.

Je n'ai pas à conserver ni à produire de justificatif.

Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres

Si certains maires acceptent de jouer le jeu, comme c’est le cas à Angers, d'autres qui continuent de refuser fermement cette transparence. C'est le cas notamment du maire de Chartres, Jean-Pierre Gorges, 25 ans de mairie au compteur. Il revendique n'avoir jamais fourni aucune facture malgré les 42.000 euros qu'il perçoit chaque année, en plus de son indemnité. 

Ce sujet a fait irruption lors du conseil municipal le mois dernier, donnant lieu à une discussion animée avec Ladislas Vergne, l'un de ses concurrents. "Je n'ai pas à conserver ni à produire de justificatif. Vous nous racontez n'importe quoi. Ce qu'on fait, c'est légal. Quand vous tombez là, c'est presque le caniveau", répond l'édile lorsque son opposition lui demande de faire preuve de transparence sur ses dépenses. 

Une discussion de caniveau qui pourtant ne manque pas de faire réagir ses administrés. "S'il n'y a rien de bizarre, il devrait effectivement le montrer", commente une électrice. "C'est de l'argent public. J'ai du mal à comprendre qu'on ne puisse pas avoir de transparence à ce niveau-là", ajoute un Chartrain. Contacté par RTL, M. le maire n'a pas souhaité répondre directement à nos questions.

Que dit la loi sur les frais de représentation ?

Il faut reconnaître que la loi est assez floue sur ces frais de représentation. Ils sont en fait très peu encadrés. "Il faut que la dépense rentre dans le cadre de l'exercice des fonctions électives et remplisse le critère de l'intérêt communal. C'est les deux critères qu'on a. Donc il faut un peu se dépatouiller avec ça", explique Alexandra aderno, avocate spécialisée dans l'accompagnement des collectivités locales.

Se faire payer ses costumes, son pressing ou encore son coiffeur, c'est donc a priori légal. Quant à ceux qui réclament la transparence absolue sur les frais de nos élus, il faut souvent s'armer de patience. Parce que seul le tribunal administratif peut contraindre les élus à s'exécuter.

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