Assemblée nationale : quand la liberté de ton de Yaël Braun-Pivet agace l'Élysée

L'hémicycle risque de tanguer avec l'examen du budget, qui s'annonce sportif pour le gouvernement. À l'Assemblée, il y a du nouveau : une présidente en place depuis plus de trois mois, Yaël Braun-Pivet. Quatrième personnage de l'État dans l'ordre protocolaire, elle est issue du parti présidentiel et sa liberté de ton a, semble-t-il, le don d'agacer à l'Élysée.

C'est une voix qu'elle a dû utiliser avec fermeté contre l'agitation des députés insoumis. Le 4 octobre dernier, dans son hémicycle, la présidente de l'Assemblée nationale lance à la députée La France insoumise Danièle Obono : "Vous continuez à invectiver l'Assemblée et à invectiver la présidence (...) Je prononce un rappel à l'ordre avec inscription au procès verbal". 

Quand madame la présidente veut se faire respecter, elle peut aussi adresser des messages à son propre camp. Voilà ce que ça donnait il y a quelques semaines : Emmanuel Macron voulait alors expédier sa réforme des retraites vite fait, bien fait, avec un simple amendement à l'Assemblée. Yaël Braun-Pivet militait plutôt pour "le temps de la concertation avec les groupes politiques et avec les partenaires sociaux".

Yaël Braun-Pivet, c'est notre Ségolène Royal

Un proche d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a fini par reculer. Avec une candeur qu'on sent parfois un brin exagérée, Yaël Braun-Pivet a expliqué qu'elle disait toujours ce qu'elle pensait. C'est bien ça le problème, répondent en substance les soutiens les plus proches du président. 

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Les relations ne sont pas si simples avec Emmanuel Macron. Si tant est qu'on puisse parler de relation. Les deux n'ont quasiment aucun échange. Le président de la République aurait bien vu quelqu'un d'autre au perchoir pour succéder à son ami, Richard Ferrand. Et il lui fait payer sa victoire. 

Yaël Braun-Pivet, "la protégée de personne"

Elle a mis du temps à se faire une place dans les dîners stratégiques à l'Élysée. Une forme de distance, voire une forme de mépris s'est installée à son égard. "Yaël Braun-Pivet, c'est notre Ségolène Royal", tacle un proche du chef de l'État. Sous entendu, elle est totalement incontrôlable. "Elle n'est pas au niveau", assène un autre. 

Ses partisans à l'Assemblée décrivent au contraire une femme de consensus et attentive à tous. C'est d'ailleurs en bichonnant ses collègues qu'elle a réussi à se faire élire. Il y a à peine cinq ans, cette ancienne avocate pénaliste s'occupait d'un centre d'accueil dans les Yvelines et de ses cinq enfants.

"Je ne suis la protégée de personne, je n'ai pas de mentor", dit-elle au Monde. Pas de mentor, mais des ambitions de plus en plus visibles. 2027 ? "Je trace ma route", répond Yaël Braun-Pivet.