Asma Mhalla : le parcours inspirant d'une "élève médiocre" devenue politologue

Asma est une personne très douce et chaleureuse, ce qui lui permet de tisser des liens très facilement. Ça, c'est ce que j'ai trouvé sur Internet quand j'ai tapé le joli prénom d'Asma Mhalla et ça lui colle parfaitement. Elle est née en Tunisie et elle est devenue politologue en France. 

Asma revient de très loin, mais elle n'a jamais perdu son espièglerie. Et quand elle alerte sur les dangers du présent pour la démocratie, on sait qu'elle parle juste. C'est la grande force des sincères. 

Asma Mhalla est née à Tunis. Ses parents divorcent alors qu'elle n'a que 12 ans, elle le vit comme une déflagration. "Il y a un avant et un après. Avant, il y avait une cellule familiale ultra conventionnelle, c'est-à-dire ma mère qui était présente avec nous et mon père qui était extrêmement absent. (...) Et tout d'un coup, mon père est devenu tout, c'est-à-dire le père, la mère, l'intendante, la gouvernante et le bourreau", détaille-t-elle dans Tenaces. 

On m'a toujours, dans ces milieux, traitée comme un cerveau et pas comme une femme

Asma Mhalla

Inscrite au lycée français de Tunis, les bourses d'excellence proposées par le gouvernement français lui offrent une échappatoire au contexte familial tendu. Alors élève médiocre, elle se met à travailler pour décrocher le Graal. "Je travaillais de façon totalement maladive parce qu'il fallait avoir la bourse, parce qu'il fallait partir, parce qu'il fallait survivre", confie-t-elle.

Elle poursuit son parcours scolaire en France : une prépa HEC à Janson de Sailly puis l'ESCP, où elle s'ennuie. Sa carrière professionnelle débute dans le monde de la finance, dont elle garde un très bon souvenir. "On m'a toujours, dans ces milieux, traitée comme un cerveau et pas comme une femme", témoigne-t-elle. 

Une hospitalisation de trois mois la contraint à quitter la finance. Elle le vit comme une deuxième rupture biographique, qu'elle définit comme "les accidents où tu reconstruis une toute autre identité". Effectivement, la maladie lui ouvre un autre champ : celui des algorithmes. Mais elle se trouve confrontée à un secteur machiste. "Est-ce qu'il y a un problème de représentation ou même de se sentir légitime à aller dans ces carrières-là ? C'est clair", affirme-t-elle. 

Asma Mhalla a la bougeotte, elle ne reste jamais très longtemps au même endroit "parce qu'il faut bouger, parce qu'il faut avancer, parce qu'être statique, ce n'est pas bon du tout" explique-t-elle. Elle est actuellement chercheuse au CNRS. 

Qu'est-ce qu'être tenace selon elle ? "C'est être persévérante, c'est ne pas lâcher, tracer devant soi, c'est ne jamais regarder à droite, à gauche. Ne jamais écouter aussi, ce qu'on peut dire, non pas à vous, mais de vous. Une ligne très tortueuse, mais qui se veut droite et donc droite en horizon, droite en colonne vertébrale, droite en valeur. C'est une aspiration". 

>> Tenaces est un podcast consacré à des femmes qui se sont battues, qui ont osé... C'était impossible, alors elles l'ont fait ! Dans chaque épisode, Anaïs Bouton vous présente une personnalité dont le parcours est puissant, inspirant, original. "Tenaces" ou l'art de ne jamais rien lâcher.

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