Christiane Lambert : découvrez le parcours de la première femme présidente de la FNSEA

Les pieds sur terre, avec ses bottes et ses bêtes, et la tête dans les étoiles du drapeau européen. Elle est éleveuse, elle est militante. Christiane Lambert a été présidente de la toute puissante et très masculine Fédération Nationale des Agriculteurs. Mais on sent chez cette Auvergnate, chez cette tenace, une main de fer dans un gant de velours, une redoutable négociatrice.

Éleveuse de porcs dans le Maine-et-Loire avec son mari Thierry, Christiane Lambert doit cette passion de l'élevage à ses parents, agriculteurs dans le Cantal, et en particulier à sa mère Marie : "Elle savait tout faire ma maman, donc c'est vrai qu'elle a été un modèle. Et le fait qu'ils aient été enthousiastes et passionnés de leur métier fait que moi j'ai été très vite amenée à aller soigner les animaux, faire la traite, faire les foins", confie-t-elle dans Tenaces. 

Il y a encore cet héritage qu'une femme ne peut pas forcément faire ce métier-là

Christiane Lambert

Première femme élue présidente de la FNSEA, le syndicat des agriculteurs, Christiane Lambert est une pionnière. Son histoire militante débute tôt. Elle n'a que 25 ans quand elle devient présidente du CNJA, le syndicat des jeunes agriculteurs. Elle prend rapidement goût à ce rôle. "J'aime bien coacher parce que mettre les gens en mouvement, c'est les mettre en confiance pour faire ensemble. Parce que, vous connaissez la formule, tout seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin", explique-t-elle. 

Même si elle reconnaît qu'avoir été une femme a été un avantage pour accéder à la présidence de la FNSEA parce que les agriculteurs étaient fiers d'élire une femme, y accéder n'a pas été un long fleuve tranquille. "Il y avait des réticences parce que j'étais une femme et par rapport à certaines idées aussi que je portais, qui étaient plus d'ouverture", détaille-t-elle. 

Lors de son mandat de huit ans (2017-2023), Christiane Lambert a rendu visibles les femmes agricultrices, souvent effacées et marginalisées dans ce monde très masculin. "En agriculture, pour les jeunes femmes, il y a deux points de blocage assez forts. C'est avoir un financement et accéder au foncier. C'est-à-dire avoir un propriétaire qui accepte de vendre ou de louer le foncier à une jeune agricultrice, vigneronne, arboricultrice. Il y a encore cet héritage qu'une femme ne peut pas forcément faire ce métier-là", déplore-t-elle. 

Qu'est-ce qu'être tenace selon elle ? "Un jour, j'ai entendu un mot que j'avais peu entendu, c'était pugnace, la pugnacité. Et je vous avoue que je suis allée voir le dictionnaire. Et en fait, c'est entre têtu et entêté, mais c'est plus correct pour dire qu'elle est pugnace, elle sait ce qu'elle veut, elle ne lâche pas. Voilà, donc tenace, ça doit être à peu près pareil".

>> Tenaces est un podcast consacré à des femmes qui se sont battues, qui ont osé... C'était impossible, alors elles l'ont fait ! Dans chaque épisode, Anaïs Bouton vous présente une personnalité dont le parcours est puissant, inspirant, original. "Tenaces" ou l'art de ne jamais rien lâcher.

À écouter aussi

Tenaces

42. Sonia Souid : le parcours d'une battante pour exercer son métier d'agente de footballeurs

19/02/2025 à 02:00 - 38m56s