La danseuse était en noir, comme une sylphide, un chat, la princesse d'un conte. Aurélie Dupont, c'est une des plus belles artistes de l'Opéra de Paris, elle a la grâce, mais bon, ça, c'est tellement évident. Aurélie Dupont, surtout, c'est un peu Raiponce, celle du conte. Petite, elle a été prisonnière d'une vilaine sorcière. Raiponce a sacrifié sa longue chevelure blonde, Aurélie, elle, a cassé son genou d'athlète et alors elle fut libérée, délivrée.
Alors qu'elle répète Le Sacre du printemps de Pina Bausch, Aurélie Dupont se fracture le cartilage derrière la rotule du genou droit. Une fracture nette et précise, mais qu'elle ne ressent pas tout de suite. C'est au bout de six mois, alors qu'elle vient d'être nommée danseuse étoile à 25 ans, que la douleur commence à apparaître.
Alors au pic de sa carrière de danseuse, elle a dû réapprendre à danser, cohabiter avec cette douleur lancinante au genou droit. "J'ai développé une force, dans ma cheville droite, dans tout mon côté droit du corps, dans mon dos, dans mon cou, dans mes bras, dans ma posture, dans la musicalité, donc j'ai tout réappris", explique-t-elle dans Tenaces.
J'ai travaillé ma technique comme une malade, plus que n'importe qui, pour me protéger de tout ce que j'entendais
Aurélie Dupont
Sa nomination en tant que danseuse étoile est l'aboutissement de quinze ans de travail acharné, période pendant laquelle elle a subi la dureté de l'Opéra de Paris, une machine à broyer les faibles. Quotidiennement, elle a dû affronter la violence du milieu : harcèlement, méchanceté des professeurs, remarques désobligeantes sur son corps qui évolue.
"Je ne peux que ne pas aimer ce corps qui devient jeune fille. Et ça, c'était difficile, parce que tout d'un coup, je me vois dans la glace et je me dis, ce corps-là qui prend de la place, qui s'impose à moi, il n'est pas bon pour danser. Je me dis, il n'est bon pour rien. Ça, c'est difficile quand on a 15 ans, 16 ans", confie-t-elle.
Des attaques qu'elle a intériorisées jusqu'à en faire une force. "Moi, j'ai travaillé ma technique comme une malade, plus que n'importe qui, pour me protéger de tout ce que j'entendais", explique-t-elle. Une technique qu'elle a érigée en "bouclier".
Un amour de la technique qu'elle partage avec Bruce Lee, qu'elle a eu la chance de rencontrer. "Bruce Lee, c'était quelqu'un qui était spirituel. Il disait 'une technique apprise, c'est une technique presque rangée' mais ça, c'est moi qui le dis à ma façon. C'est aller surtout vers autre chose et continuer d'apprendre. Donc c'était aussi ne jamais se reposer, ne jamais penser que les choses sont acquises et terminées. Ça a un peu chamboulé ma façon de penser", raconte-t-elle.
Qu'est-ce qu'être tenace selon elle ? "Être tenace, c'est de ne jamais lâcher, je pense. Ce sont les gens qui persistent, qui signent, qui résistent. C'est ça la ténacité pour moi. C'est tenir coûte que coûte, quoi qu'il arrive, peu importe ce qu'il y a sur la route".
>> Tenaces est un podcast consacré à des femmes qui se sont battues, qui ont osé... C'était impossible, alors elles l'ont fait ! Dans chaque épisode, Anaïs Bouton vous présente une personnalité dont le parcours est puissant, inspirant, original. "Tenaces" ou l'art de ne jamais rien lâcher.
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