Affaire des écoutes, suite. Nicolas Sarkozy passe à l'action en publiant ce vendredi 21 mars une tribune dans Le Figaro. C'est le "J'accuse !" de Nicolas Sarkozy. "J'accuse les juges", "J'accuse la ministre de la Justice", "J'accuse le ministre de l'Intérieur".
Il fait la démonstration d'un acharnement, tout cela dans un texte bien écrit. On voit que le "staff" Sarkozy est à la manœuvre. On a rappelé la "plume" de l'ancien président, on a rappelé les communicants, on a sorti les éléments de langage. Comme cette référence à la Stasi, la police politique de l’Allemagne de l'Est. C'est amusant, parce que Nathalie Kosciuscko-Morizet, jeudi matin au micro de RTL, dénonçait la même chose.
Nicolas Sarkozy a beau dire qu'il n'a"nul désir de s'impliquer aujourd'hui dans la vie politique", il fait de la politique. Il faut dire que le gouvernement a énormément politisé cette affaire, avec parfois des déclarations malvenues. Comme celle de Benoît Hamon : "Si on n'a rien à cacher, il n'y a pas de problème à être écouté". On rêve ! Dans cette affaire, tout le monde fait de la politique.
Sur la forme, cette lettre ce n'est pas banale. C'est même très particulier. La "lettre aux Français", il y en a eu deux dans l'Histoire politique : celle de Mitterrand et celle de Chirac. Il s'agissait d'engagements solennels, de professions de foi, d'un programme électoral. C'est très codé dans la vie politique. La "lettre aux Français", c'est un exercice de candidat à la présidentielle.
Là, Nicolas Sarkozy vient d'inventer un nouveau style de "lettre aux Français" : la lettre d'autodéfense, dans laquelle il dit : "Je ne suis pas candidat pour l'instant. Pour que je le sois, il faut m'aider !"
Finalement, il écrit beaucoup Nicolas Sarkozy. Cela ne faisait pas deux mois qu'il avait quitté l’Élysée qu'il écrivait son . Ensuite, il y a eu les innombrables "cartes postales", puis les messages sur Facebook au moment du . Sans oublier le , quand il a fallu demander aux sympathisants de l'UMP de se cotiser pour rembourser les frais de campagne.
Nicolas Sarkozy n'a jamais cessé d'écrire aux Français depuis deux ans. En fait, il n'a jamais cessé de penser à son retour. Une obsession. D'ailleurs, cette lettre est à garder dans les annales. C'est une preuve : Nicolas Sarkozy commence en expliquant qu'il n'a "nul désir de s'impliquer aujourd'hui dans la vie politique".
Il termine avec cette phrase : "À tous ceux qui auraient à redouter mon retour, qu'ils soient assurés que la meilleure façon de l'éviter serait que je puisse vivre ma vie simplement, tranquillement". Au fond, comme un citoyen "normal".
Un citoyen "normal", mais pas tout à fait serein. Vous la voyez la menace ? "Vous voulez la guerre ? Vous l'aurez ! Faut pas chauffer Raoul !" Ça, c'est du Sarkozy "pur jus". Du Sarkozy dont la ligne de défense est très claire. 1/ Se poser en victime ; 2/ Chercher à apparaître comme l'ennemi naturel de la gauche, à défaut de ne pas encore être le candidat naturel de la droite.
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