Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a reconnu mardi 11 mars au soir que le gouvernement était au courant - depuis quelques semaines - de la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy. La ministre de la Justice Christiane Taubira avait pourtant juré que non.
En deux jours, on est passé de "on ne savait pas" à "on savait, mais on n'a pas écouté". C'est un mensonge. C'est grave. Et c'est tellement maladroit.
Franchement, c'était assez pathétique de voir, à la télévision, le premier ministre venir faire le service après-vente, et se contorsionner pour finalement avouer que oui, ils ont été informés des écoutes visant Nicolas Sarkozy et que lui-même et la garde des Sceaux ont su ce que faisaient les juges avant la presse.
Parce que, pardon, il était évident que ça allait se voir comme le nez au milieu de la figure. Dire, comme Christiane Taubira lundi, qu'on ne sait pas, c'est nier l'évidence. Tous les ministres de la Justice ont toujours été mis au courant des affaires sensibles. C'est même étonnant que des juges aient pu écouter un ancien président de la République pendant des mois sans en avertir le parquet, sans que le ministère soit au courant. C'est étonnant, si vous préférez, qu'elle en ait été informée aussi tard.
Certes, les juges sont indépendants. Mais un juge, ça n'est pas un électron libre. Il ne vit pas tout seul dans sa bulle. Il enquête de manière indépendante, mais il en réfère au parquet, c'est-à-dire à la hiérarchie judiciaire, au moment de commencer les poursuites. Le parquet, lui, est sous l'autorité du ministère de la Justice auquel il rend des comptes.
Autrement dit : Christiane Taubira n'a pas à dire au juge de placer Nicolas Sarkozy sur écoute. Mais dès lors que le juge en a informé le procureur, alors l'information est remontée "sous couvert de la voie hiérarchique", comme on dit dans l'administration. Mais attention : ce n'est pas parce qu'on est au courant qu'on est l'instigateur. En revanche, dire qu'on n'est pas au courant, ça c'est se moquer du monde !
Quand la droite parle d'"écoute politique à grande échelle", elle fait de la politique. Elle défend Nicolas Sarkozy. Elle se défend. Elle essaie de "tourner le taureau vers le soleil", comme on dit, de l'éblouir avec une affaire plus croustillante encore que le soupçon de"trafic d'influence" qui pèse sur l'ancien président. C'est de bonne guerre !
Ce qui est idiot de la part du gouvernement, c'est de tomber dans le piège. Parce que quoi qu'ils fassent maintenant, les ministres de la Justice et de l'Intérieur auront l'air d'avoir caché la vérité. Reconnaître aujourd'hui qu'on était au courant, c'est prêter le flanc au soupçon suivant : celui de la manipulation, de l'empêchement. C'est laisser penser que les juges ont agi sur ordre. De ce point vue, la droite a parfaitement réussi son opération "riposte".
Souvent, le soupçon tue. Souvenez-vous de l'affaire Cahuzac. Il y avait ce soupçon que le président et le gouvernement savaient pour le compte en suisse, avant la presse. Aucune raison de le penser, a conclu l'enquête parlementaire. Malgré ça, l'idée court toujours. C'est difficile de tordre le cou à ce genre de soupçon très tenace. C'est comme ça : on prête toujours les pires intentions à nos gouvernants. Finalement, on préfère penser qu'ils sont machiavéliques plutôt qu'incompétents. Ça rassure.
Voilà comment, dans cette affaire aussi, le piège s'est refermé sur le gouvernement. Pour un peu, on en oublierait presque les affaires Sarkozy. Mais c'était le but de la manœuvre, n'est-ce pas ?
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