"Affable", "politique" et "malin" : la méthode de Sébastien Lecornu décryptée par ses adversaires politiques

"Je ne serai pas le Premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella". Le message est clair et martelé par Sébastien Lecornu face aux sénateurs. Presque deux mois après sa nomination à Matignon, le Premier ministre s'est rendu à la conférence des présidents du Sénat, mercredi 5 novembre. Tandis que les débats sur le budget se poursuivent à l'Assemblée, le chef du gouvernement passe les haies une par une, depuis sa nomination à Matignon. 

Sous une menace permanente de censure, Sébastien Lecornu a indiqué aux sénateurs, selon des propos rapportés par des participants à Public Sénat, que "censure vaudra démission, et que ça vaudra dissolution". Cette dernière débouchant sur "une crise économique". 

Si Michel Barnier et François Bayrou ont chuté sur le périlleux projet de budget, Sébastien Lecornu, lui, revendique depuis sa nomination "un changement de méthode", qui passe par l'abandon du recours à l'article 49.3 de la Constitution, permettant d'adopter un budget, sans le vote des députés. "À la fin, ce sera un budget de transition. Sans majorité absolue, je suis prêt à accepter une stratégie des petits pas", a-t-il expliqué pour décrire sa méthode, auprès du Parisien.

Fin tacticien politique

"La vraie différence" entre Sébastien Lecornu et ses prédécesseurs, avance un ancien ministre, c'est que "Michel Barnier et François Bayrou se vivaient comme des Premiers ministres, chefs d'une majorité". "Il s'en sort très bien, il est encore en poste, il arrive à éviter que les choses dégénèrent", félicite un député Ensemble pour la République. 
Qu'en pensent ses opposants ? Après avoir menacé à plusieurs reprises de censurer le gouvernement Lecornu II, le Parti socialiste est devenu un des interlocuteurs réguliers de Matignon. "À chaque étape, il y a un gouvernement qui peut tomber", rappelle un député PS. Cet élu décrit le Premier ministre comme "affable". "Il parle beaucoup, mais il n'arrive pas à exécuter ce qu'il dit" dans le socle commun, regrette-t-il. 

Quand il y a une difficulté, Sébastien Lecornu essaye d'aplanir les choses ou de les contourner

Un député Les Républicains à RTL

Peu importe les groupes politiques à l'Assemblée, un trait de caractère revient dans les mots de plusieurs députés, son côté fin tacticien politique. Un élu écologiste reconnaît que Sébastien Lecornu est "beaucoup plus malin" que ses prédécesseurs. "C'est quelqu'un qui sait faire" politiquement, note-t-il tout en remarquant que l'écologie n'est pas le sujet de prédilection du Premier ministre.

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Même élément souligné par un député Rassemblement national. "On voit qu'il a fait un peu de politique avant", sourit-il. "Il navigue", estime un député Les Républicains. "Quand il y a une difficulté, il essaye d'aplanir les choses ou de les contourner", observe-t-il.

Rappelant les concessions accordées par le gouvernement aux socialistes avec la suspension de la réforme des retraites et l'abandon du 49.3, un élu LR reconnaît que le Premier ministre a "le mérite de ne pas faire semblant". "Il n'avait pas d'autres choix, à part celui de tout faire péter", dit-il dans un haussement d'épaule.

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