En Direct
4 min de lecture
Ugo Bernalicis, député LFI.
Crédit : Thomas SAMSON / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Politique »
En proposant de supprimer le délit d'apologie du terrorisme, La France insoumise s'est attirée de nombreuses condamnations sur l'échiquier politique, à droite, chez les macronistes, mais aussi une vive réplique du côté du PS avec, en toile de fond, la question de l'antisémitisme et le conflit au Proche-Orient. Le ministre de l'Intérieur (LR) Bruno Retailleau, de son côté, a jugé "difficile de faire plus ignoble".
Les députés LFI ont déposé une proposition de loi visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme du code pénal, qui a selon eux accentué l'"instrumentalisation de la lutte antiterroriste" contre la "liberté d'expression".
Le texte, déposé par le député du Nord Ugo Bernalicis, veut supprimer ce délit créé par une loi de 2014, estimant qu'en la matière suffit "la loi du 29 juillet 1881 traitant des faits relevant des délits d'apologies de crime, d'apologie de crime de guerre, d'apologie de crime contre l'humanité".
Face aux critiques, le leader Insoumis Jean-Luc Mélenchon a dénoncé "une nouvelle agression contre LFI venue de l'extrême droite et servilement reprise par l'officialité médiaticopolitique". "Plutôt que de se faire des films, lire le texte de la proposition de loi", dit-il.
Mais la controverse a également percé à gauche, avec une cinglante réplique du premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, revenant également sur les critiques de Jean-Luc Mélenchon contre le chancelier socialiste allemand Olaf Scholz sur sa position envers la décision de la Cour pénale internationale à l'égard du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu.
"Je regrette la position allemande qui n'est pas la mienne, mais au même moment je ne dépose pas (un texte) qui abroge purement et simplement le délit d'apologie du terrorisme, dont la définition demande seulement à être précisée pour en éviter les dérives. Il est impératif de protéger les libertés publiques mais aussi de protéger les Français du fanatisme et des appels à la violence et la haine", a écrit sur X (anciennement Twitter) Olivier Faure.
Les socialistes évitent "de marginaliser la défense des Palestiniens en ne sombrant pas dans les provocations et en refusant de considérer l'antisémitisme comme 'résiduel'", a encore grincé le patron du PS, reprenant un terme utilisé par Jean-Luc Mélenchon. Et d'accuser LFI de "diviser" le "camp de la paix" et de chercher à "instrumentaliser électoralement la tragédie".
Les Insoumis se défendent de vouloir supprimer ce délit, mais de le "remettre dans le droit de la liberté d’expression, comme il l’était avant que Bernard Cazeneuve cède en 2014 aux pressions des réseaux fascisants et ouvre la voix à une sévère remise en cause de nos libertés fondamentales", assure Manuel Bompard, qui s'appuie sur une tribune écrite dans l'Humanité par l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic.
Dans leur proposition de loi, les Insoumis ont demandé "quelle démocratie peut encore conserver son nom, lorsque les méthodes de l'antiterrorisme sont utilisées pour réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes ou encore des syndicalistes".
Ils ont cité le cas du responsable CGT du Nord Jean-Paul Delescaut, condamné à un an de prison avec sursis en première instance - il a interjeté appel - pour "apologie du terrorisme" via des propos tenus dans un tract de soutien aux Palestiniens.
Le député LFI a mentionné également sa présidente de groupe, Mathilde Panot, et l'eurodéputée LFI Rima Hassan, entendues en avril dernier par la police judiciaire parisienne dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme".
Dans un courrier adressé à ses homologues socialiste, écologiste et communiste, Gabriel Attal, président du groupe macroniste EPR à l'Assemblée, a appelé le reste de la gauche à se "désolidariser clairement" de LFI. "Je me souviens que c'est la gauche républicaine qui avait proposé et fait voter en 2014 ce texte qui protégeait la sécurité des Français et préservait donc leur liberté. En plein procès de l'assassinat de Samuel Paty, la proposition de loi de la France insoumise est une insulte et une tache indélébile sur ceux qui la portent", a écrit l'ex-Premier ministre.
"C'est une insulte à la mémoire des victimes de tous les attentats qui ont ensanglanté la France. Face au terrorisme, la République doit rester ferme et unie", a pour sa part estimé le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui tient ce dimanche 24 novembre sa convention annuelle.
"C’est difficile de faire plus ignoble", a quant à lui réagi le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, sur X. L'ancienne porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot, estime elle sur le même réseau que cette proposition de loi est un rappel que Jean-Luc Mélenchon "et son groupe de députés rappellent qu’ils sont un mouvement à l’idéologie anti-France".
La France insoumise veut "remettre" le délit d'apologie du terrorisme "au bon endroit" dans le droit en le supprimant du code pénal, a plaidé de son côté ce dimanche la patronne des députés LFI Mathilde Panot, qui juge "incroyable" la vive polémique suscitée par cette initiative.
"Il se trouve qu'avant 2014, avant la loi qui a mis dans le code pénal l'apologie du terrorisme, c'était dans le droit de presse. Et ce que nous dénonçons, c'est justement que ce soit dans le code pénal et non plus dans le droit de presse. Donc nous n'abrogeons pas le délit d'apologie du terrorisme, nous le remettons dans le droit de presse", a-t-elle expliqué sur BFMTV.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte