Lorsqu'ils arrêtent Rémy Roy en novembre 1991 à Villejuif (Val-de-Marne), les enquêteurs découvrent un père de famille banal. Le trentenaire est soupçonné d'avoir commis trois meurtres et une tentative de meurtres en un peu plus d'une année. Face aux psychiatres et psychologues chargés de l'expertiser, il se confie sur sa vie.
"Il s'exprime très volontiers dès le premier entretien, aisément, abondamment, et il donne l'impression d'avoir de très bonnes capacités d'élaboration mentale, c'est-à-dire de pouvoir effectivement exprimer par les mots son vécu, son histoire", se rappelle Caroline Legendre dans Les Voix du crime. Experte-psychologue, elle s'est entretenue avec Rémy Roy à deux reprises.
L'homme reconnaît les faits qui lui sont reprochés : il contactait ses victimes - des hommes homosexuels - via la messagerie rose du Minitel, leur donnait rendez-vous et leur fracassait le crâne. Chaque scène de crime laissait deviner des pratiques sadomasochistes. Rémy Roy y voit une répétition de ses propres traumatismes.
Rémi Roy, en tout cas, présente et décrit toutes les manifestations traumatiques qu'on peut retrouver lors de violences sexuelles subies
Caroline Legendre
Rémy Roy fait référence aux violences sexuelles qu'il raconte avoir subi. "Il dit qu'il a été victime de violences sexuelles à l'âge de 13 ans de la part d'un pédophile dans un cinéma", rapporte Caroline Legendre. "Puis, vers l'âge de 19 ans, il aurait été violé par quatre hommes. Donc il s'agit d'un viol collectif des hommes adultes qui avaient voulu le punir de ne pas avoir honoré une dette d'argent. Et il explique qu'il s'est montré aussi violent lors des faits parce qu'il y a eu une brutale résurgence du souvenir traumatique et notamment du viol."
Pourtant, les enquêteurs ne retrouvent aucune preuve attestant de la véracité de ces faits. Alors, Rémy Roy est-il crédible ? "La crédibilité, c'est une notion juridique, répond Caroline Legendre. Mais même dans une situation d'expertise, où on est auxiliaire de la justice, on se préoccupe de la vérité psychique du sujet. (...) Rémi Roy, en tout cas, présente et décrit toutes les manifestations traumatiques qu'on peut retrouver lors de violences sexuelles subies."
Dès lors, les crimes commis par celui qui fut surnommé "le tueur au Minitel rose", peuvent avoir un lien avec son propre vécu. "On peut vraiment faire l'hypothèse d'un processus de répétition du traumatisme initial, traumatisme sexuel qu'il avait subi, sur un mode actif, c'est-à-dire sur le mode du passage à l'acte, c'est-à-dire d'une position passive, on passe à une position active, et le but inconscient de ce processus, c'est de maîtriser le traumatisme."
En 1996, lors du procès, Caroline Legendre rend compte de ses conclusions lors du procès de Rémy Roy qui a lieu à Créteil. À l'issue des audiences, ce dernier est condamné à la prison à perpétuité avec 18 ans de sûreté. Trente ans après, une inconnue subsiste dans cette affaire : pourquoi cet homme a-t-il pris l'initiative de contacter ses victimes ? Et pourquoi a-t-il recommencé ?
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
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