"Tu peux en tirer 5 millions max" : que vont devenir les bijoux volés au Louvre ? RTL a enquêté sur le marché noir

L'enquête progresse un peu plus chaque jour après le casse au Louvre du dimanche 19 octobre. Cinq personnes ont été interpellées le jeudi 30 octobre, deux suspects placés en détention provisoires et mis en examen pour "vol en bande organisée et pour "associations de malfaiteurs en vue de commettre un crime". Aucune trace toutefois du butin, 88 millions d'euros de bijoux. Le mystère reste entier.

RTL a rencontré un ancien cambrioleur, qui nous éclaire sur ce qu'ont pu devenir ces bijoux. Les banques et les bijouteries étaient sa spécialité. En 1998, il s'était fait arrêter après avoir été surpris en train de percer un tunnel vers les coffres d'une agence de la Société Générale à Caen. Il a réussi à se faire la malle avant d'être transféré en prison, sa cavale aura duré une année, avant de passer les dix suivantes en prison. Aujourd'hui repenti, David Desclos reste proche du milieu. Il connait très bien le recel de bijoux de luxe.

"Parfois, ce sont des commandes de gros milliardaires passionnés à mort par ce genre de bijoux. Ils font cette commande quand ils ont une connexion avec des gars de quartier."

David Desclos

"À ce niveau-là, tout le monde a son réseau de receleurs. Dans ce circuit-là, les receleurs ont aussi les tailleurs, ceux qui décortiquent les bijoux… J'ai connu des tailleurs de pierre qui tiennent des bijouteries et qui, en parallèle, faisaient ça", confie l'ancien braqueur.

"Ils en parlent à leurs receleurs. Ils disent : 'On peut avoir tel, tel, tel bijou. Combien ça peut nous rapporter ? Ah ben, voilà, on ne va pas les vendre comme ça. Il va falloir les décortiquer, il va falloir les tailler'. Ils évaluent et ils disent : 'Tu peux en tirer, allez, 3, 4 millions, 5 millions max, sur 88 millions. Eh bien, les mecs, ils ont tellement la dalle, ils prennent le risque, ils y vont", insiste David Desclos.

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L'ancien cambrioleur évoque même des clients bien particuliers : "Parfois, ce sont des commandes de gros milliardaires passionnés à mort par ce genre de bijoux. Ils font cette commande quand ils ont une connexion avec des gars de quartier. Très, très rarement, j'ai eu des connexions comme ça, où c'était des milliardaires qui voulaient des bijoux spéciaux."

Les pierres sont transformées

Les bijoux risquent donc d'être difficiles à vendre de manière traditionnelle, via le marché parallèle. "Le temps est très important. Si ça n'a pas déjà été fait, c'est une question de quelques jours. Ça va être éclaté et on ne les retrouvera jamais", estime David Desclos.

D'après un ancien commissaire de la police judiciaire parisienne, adjoint de la BRB, dans ce genre de casse, les pierres précieuses réduites en petits cailloux sont vendues principalement par les malfaiteurs à Anvers, en Belgique, la capitale mondiale du diamant.

Une nouvelle manière de vendre des bijoux volés

Mais, aujourd’hui, une autre option existe : le dark web, le marché noir d'Internet. Nicolas Hernandez, expert cyber, cherche sur son navigateur s'il existe bel et bien des marchés vendant ce type de biens. "Très rapidement, j'identifie un minimum de quatre places de marché qui ont une rubrique de vente de bijoux et d'or. On a l'impression d'être sur Le Bon coin. Vraiment, ça va jusqu'à la notation des vendeurs. Un ensemble d'annonces de drogues, de cartes bleues, de contrefaçons et une rubrique qui n'est pas vide puisqu'on retrouve tout de suite de l'or à vendre", indique-t-il.

On peut donc imaginer voir apparaître, dans les prochains jours, des pierres précieuses issues des bijoux du Louvre. "Si c'est compliqué de les écouler, c'est beaucoup plus facile de faire une offre large", estime l'expert.

Sur le dark web, le paiement se fait en cryptomonnaie pour des malfaiteurs qui cherchent à tout prix à être discrets et le plus intraçables possible.

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