"C'est un problème de fond, pas de la malchance : selon l'historien de l'art Didier Rykner, "rien au Louvre n'avait été fait pour éviter" le cambriolage

Le musée du Louvre est en grève le lundi 15 décembre, après le spectaculaire cambriolage du 19 octobre dernier. Les raisons ? Des alertes sur la vétusté du musée. Les agents du musée ont le sentiment d'être "le dernier rempart avant l'effondrement", comme ils l'ont signifié à la ministre de la Culture, Rachida Dati. De leur côté, les syndicats ont appelé à la grève reconductible.

Hormis le cambriolage, le musée Louvre a récemment fermé l'une de ses galeries à cause de la fragilité de l'édifice. Également, il y a une dizaine de jours, une fuite d'eau a endommagé des centaines d'ouvrages de la bibliothèque des Antiquités égyptiennes. 

"Je peux comprendre qu'un touriste qui vient au musée du Louvre tous les 10 ans ne veut pas voir des salles fermées, un dégât des eaux ou un cambriolage. Ça fait beaucoup", témoigne Charles, un habitué du musée.

Les causes de fermeture sont multiples : travaux, restauration ou encore manque de personnel. Pas sans conséquence pour la circulation dans le musée, selon Valérie Baud, la représentante du personnel CFDT Culture : 

"Par exemple, la galerie d'Apollon est actuellement fermée au public. Pour les personnes en mobilité réduite, il s'agit d'un véritable parcours du combattant pour aller de la Vénus de Milo à la Joconde, parce qu'il faut prendre plusieurs ascenseurs." Elle conseille de vérifier en amont si la salle qui vous intéresse est ouverte sur le site du Louvre. 

Il faut impérativement abandonner le projet de grande colonnade et changer la gouvernance du Louvre

Didier Rykner, historien, journaliste et fondateur du magazine La Tribune de l'Art

Didier Rykner, historien, journaliste et fondateur du magazine La Tribune de l'Art, approuve la grève. "Le parcours du combattant est fréquent au musée du Louvre. Les salles sont souvent fermées, la file d'attente est souvent très grande avec en plus très peu de portiques de sécurité."

"Le Louvre est un musée à la dérive depuis plusieurs années, mais ça s'est accéléré récemment. Une accumulation de coups durs, le braquage, la faiblesse de l'édifice, l'inondation. C'est un problème de fond, ce n'est pas de la malchance. Pour le cambriolage, tous les musées peuvent connaître des vols de ce type. En revanche, rien au Louvre n'avait été fait pour éviter un pareil incident. Le schéma directeur de sécurité a été reporté de trois ans par la présidente actuelle", dénonce-t-il au micro de RTL.

Il explique que dans le cas de l'inondation, "les personnes travaillant dans la bibliothèque des Antiquités égyptiennes qui a subi ces inondations avaient alerté depuis longtemps au sujet des problèmes de fuite". 

"Tout cela n'est pas traité par le musée du Louvre qui préfère se concentrer sur son grand projet de grande colonnade. Il y a l'argent pour le remettre en état, pour faire les restaurations dont il a besoin. Mais comme il en manque le projet de grande colonnade qui coûte 666 millions d'euros. En somme, on préfère utiliser l'argent, qui devrait naturellement aller dans la restauration du Louvre, sur ce grand projet."

Pour Didier Rykner, deux solutions s'imposent : "Abandonner le projet de grande colonnade et changer la gouvernance du Louvre".

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