Suicide d'une directrice d'école : l'épouse de Caroline Grandjean va porter plainte contre l'Éducation nationale

"Elle n'a jamais été reconnue comme victime". L'épouse de Caroline Grandjean, l'institutrice qui s'est suicidée dans la Cantal le jour de la rentrée après avoir été victime de harcèlement homophobe, a annoncé qu'elle allait porter plainte contre l'Éducation nationale, dans un entretien aux journaux du groupe Ebra publié ce mercredi 17 septembre. Le ministère de l'Éducation a diligenté une enquête administrative sur le décès de Caroline Grandjean. 

"Son combat, et mon combat désormais, c'est qu'elle soit reconnue comme victime, que ceux qui l'ont détruite le reconnaissent", a estimé Christine Paccoud. Désormais, "je veux qu'ils sachent que malgré le fait qu'elle ne soit plus là, ces gens qui ont fait tout ce mal n'enlèveront rien à notre amour", a-t-elle ajouté. 

Elle a expliqué avoir retrouvé "des écrits de Caroline (...) qui relatent tous les faits depuis le début, toutes les réactions des uns, des autres, de la mairie, de l'Éducation nationale, son ressenti". "Quand j'ai lu ça, je me suis dit : 'Quel acharnement", a-t-elle dénoncé. 

Des tags homophobes découverts sur les murs de son école

Caroline Grandjean, 42 ans, directrice d'une école primaire à Moussages dans le Cantal, victime depuis septembre 2023 de harcèlement en raison de son homosexualité, s'est suicidée le jour de rentrée scolaire. Ce drame a suscité de nombreuses réactions dans le monde enseignant. Des tags "sale gouine" et "gouine = pédophile" avaient notamment été découverts sur les murs de son école de Moussages, un village du Cantal de 200 habitants. 

En arrêt maladie, l'enseignante s'était vu proposer un poste à quelques kilomètres de Moussages en cette rentrée, mais était incapable de reprendre dans l'immédiat. Une enquête avait été ouverte à la suite de la découverte des inscriptions homophobes, mais avait été classée sans suite en mars 2025 "en l'absence de nouveaux faits", selon le parquet.

Je ne suis pas sûre que dans le village, il y ait ce sentiment de culpabilité

Christine Paccoud, épouse de Caroline Grandjean dans les journaux du groupe Ebra

"J'ai perdu ma femme, mais je l'avais déjà perdue depuis le début parce que ce n'était plus la même. Elle n'avait plus de joie de vivre. Elle n'avait que ça en tête, d'essayer de se défendre et de se sortir la tête de l'eau", a raconté l'épouse de Caroline Grandjean. 

"On a essayé, que ce soient les psychologues, les psychiatres, des amis, moi, de la relever, mais on a tous, chacun à notre niveau, de la culpabilité de ne pas y être arrivés. Je ne suis pas sûre que dans le village, il y ait ce sentiment de culpabilité. Je ne suis pas sûre du tout", a-t-elle regretté. 

Le 5 septembre, un rassemblement s'est tenu devant le ministère de l'Éducation nationale à Paris en hommage à la directrice d'école. "L'école a suicidé Caroline" et "la lesbophobie tue" pouvait-on lire sur des pancartes, auquel 100 à 200 personnes ont participé, selon une journaliste de l'AFP. Ils ont appelé le ministère à mieux protéger les professeurs LGBT+. 

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