"Scream" : qui était Danny Rolling, le tueur en série ayant inspiré le film ?

Dimanche 26 août 1990, Franck et Patricia Powell tambourinent à la porte de l'appartement 113 de la résidence Williamsburg, à Gainesville, petite ville de Floride uniquement connue pour son campus étudiant. Le logement est occupé par leur fille Christina, 17 ans, et sa colocataire Sonja Larson, 18 ans. Depuis quarante-huit heures, elles n'ont plus donné signe de vie. La patronne de la résidence, un serrurier et un policier ouvrent. La vision est glaçante. 

Christina Powell est dévêtue sur le canapé. Frappée de plusieurs coups de couteau, violée, ligotée avec de l’adhésif et abandonnée dans une position scabreuse. Sonja Larson se trouve à l'étage, entièrement nue, allongée sur le lit, les pieds au sol, ses longs cheveux délicatement disposés en éventail. Bâillonnée avec de l'adhésif, poignardée. Les deux étudiantes ont été mutilées et scarifiées au visage après leurs décès. Les corps ont été nettoyés. 

Trois autres cadavres viennent alourdir ce macabre bilan. Dix heures seulement après le double meurtre des colocataires, Christa Hoyt, 18 ans, est découverte assassinée dans sa chambre d'étudiante. Mardi 28 août, Tracy Paules, 23 ans, qui faisait des études d'avocate, et un ami à elle, Manny Taboada, 23 ans, étudiant architecte, sont retrouvés poignardés dans un appartement de la ville. 

La cassette radio

Automne 1990. Les enquêteurs sont mis au courant d'un triple meurtre, en Louisiane, similaire aux crimes perpétrés sur Gainesville. Le principal suspect se prénomme Danny Rolling. Il est décrit comme inquiétant. Il avait un rêve. Partir en Floride pour regarder les filles toutes la journée. La police n'a pas de mal à le retrouver. Il est en prison à Ocala, à une soixantaine de kilomètres de Gainesville. On l'accuse d’avoir braqué une supérette. 

Les forces de l'ordre avaient retrouvé un campement dans les bois le jour du meurtre de l'étudiante Christa Hoyt. Dans tout ce fatras, des vêtements couverts du sang de l'étudiante assassinée et une cassette radio. On peut y entendre la voix d'un homme. Il parle, chante ses propres textes et finit par se présenter. Il est Danny Harold Rolling. "La cassette n’avait pas été très bien considérée par les policiers qui n’avaient pas fait attention à son contenu. Elle révèle une théâtralité, une mise en scène de lui et de ses crimes", souligne Stéphane Berthomet, créateur et animateur du podcast Redoutables.

Vendredi 15 novembre 1991, Danny Rolling, est inculpé pour les cinq assassinats de Gainesville. Il garde le silence puis décide de témoigner sous des conditions bien particulières. C’est son codétenu Bobby Lewis qui répondra à sa place, il lui donnera toutes les consignes. Par voix interposée, l'éventreur raconte les meurtres des étudiantes. "Il y a probablement deux explications à ça. La première c’est de contrôler les choses. Il imprime la manière dont ca va se passer. Deuxième élément, on peut faire un petit lien avec Manson. Il a un ego surdimensionné et un narcissisme exacerbé", estime le psychiatre Samuel Leistedt dans L'Heure du Crime, sur RTL.

Une seconde vie au cinéma

Danny Rolling se présente désormais comme un être double. D'un côté "Ynnad", qui n'est autre que son prénom à l'envers. "Lui est une mauvaise personne, mais il n'est pas diabolique" précise-t-il. L'autre être avec lequel il cohabite est "Gemini". "C'est lui qui est le plus sombre, c'est lui qui me donne les ordres de tuer", ajoute Danny Rolling. Le procureur estime que Rolling fait tout pour se faire passer pour fou. Le psychologue Harry Krop est lui aussi convaincu que le suspect n'est pas dément. 

En février 1994, Danny Rolling, 40 ans, est devant la cour criminelle du comté d'Alachua, en Floride. Il plaide coupable. Après un peu plus un mois de procès et cinq heures de délibération, les douze jurés déclarent Danny Rolling coupable des cinq assassinats de Gainesville. Des crimes d'une violence et d’une barbarie inouïe, commis contre des victimes piégées et sans défense. Danny Rolling est condamné à la peine de mort.

Mercredi 25 octobre 2006, 18h00, Danny Rolling, s'avance vers la salle de la prison de l'État de Floride où il va recevoir une injection léthale. Il chante à tue-tête des airs religieux et cite Saint-Paul. Il fredonne jusqu'à sa dernière minute le refrain : "Personne n'est plus grand que toi mon Dieu, personne n'est plus grand que toi". Danny Rolling est décédé mais sa légende lui survit encore aujourd'hui grâce à la saga Scream. "Le scénariste a raconté que ce qui l'a poussé a écrire, c’est la peur qu’il a ressenti en découvrant les faits alors qu’il gardait une maison", explique Stéphane Berthomet. 

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Dr Samuel Leistedt, psychiatre spécialisé en psychiatrie médico-légale.
Son dernier livre intitulé Les méchants au cinéma : Hannibal Lecter, Dark Vador ou encore le Joker existent-ils vraiment ? est publié aux éditions Racine. 
- Stéphane Berthomet, créateur et animateur du podcast Redoutables consacré à des récits d'affaires criminelles hors normes disponible uniquement sur Radio Canada. 

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