En Direct
3 min de lecture
L'entrée de l'institut de Bétharram.
Crédit : Philippe LOPEZ / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Mercredi 3 décembre 1997, les policiers du commissariat de Bordeaux interpellent un jeune homme qui se livrerait à l’exhibitionnisme. Franck L., 21 ans, est interrogé par le commissaire Roland Alibert. Il vide son sac. Lorsqu'il était élève au collège-lycée Notre-Dame de Bétharram, à Pau, il a subi des attouchements et un viol. L’agresseur est un prêtre. L'abbé Pierre Silviet-Carricart, à l'époque directeur de l'établissement. Un surveillant, Damien S., surnommé le "Préfet Cheval", est également cité. Franck explique ne pas être le seul enfant concerné.
Au mois de mai 1998, l'abbé Pierre Silviet-Carricart, 56 ans, est placé en garde à vue. Il nie les accusations de Franck L. Aux gendarmes, Franck a pourtant donné des détails sur le viol. C’était en janvier 1988. Il venait de perdre son père. Ce matin-là, à Bétharram, le père l'a conduit dans la salle de bains réservés aux curés et l’a agressé sous la douche. "On faisait passer Franck pour un jeune à la dérive, la population locale doutait de ses dires", rappelle Alain Esquerre, ancien élève et lanceur d'alerte dans cette affaire, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Une confrontation est organisée. Franck maintient ses accusations. Le prêtre est déféré devant le juge Christian Mirande pour sa mise en examen. Au dernier moment, fait exceptionnel, le procureur général demande à voir le dossier. Le gendarme Hontangs se souvient que le juge avait évoqué une intervention en haut lieu, celle du ministre de l’Éducation, François Bayrou, lequel connait bien l’école de Bétharram. Le prêtre est écroué.
Seulement deux semaines après son incarcération, l'abbé Pierre Silviet-Carricart est remis en liberté par la cour d'appel de Pau. Les enquêteurs entendent d’anciens pensionnaires de Bétharram. Scolarisés en 1987 et 1988, année du viol de Franck L. Le silence est de mise. Mais quelques mois plus tard, Benoît, ancien élève, écrit au juge Mirande. Il affirme avoir été violé par l'abbé. Un autre jeune homme, Bruno, évoque les mêmes atrocités.
Janvier 2000. Le juge Christian Mirande convoque l'abbé Pierre Silviet-Carricart. Il va lui signifier de nouvelles mises en examen. Sauf que le curé n'est pas là. Aucun signe de sa part. Le père Silviet-Carricart serait donc resté à Rome. Il est là-bas économe général de la congrégation des prêtres du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram.
Moins d'un mois plus tard, un corps est repêché dans les eaux sombres et puissantes du Tibre, à hauteur de Vitinia, une commune au sud de la capitale italienne. Le rapprochement est fait avec le père Silviet-Carricart. Le corps a longtemps séjourné dans l'eau. Un ecclésiastique identifie le curé grâce à sa carte de visite trouvée dans une poche, un chapelet et son dentier.
La question de Bétharram c’est de savoir comment cette chape de plomb s’est fabriquée et comment elle a pu durer aussi longtemps.
Me Thierry Sagardoytho, avocat des victimes de l'établissement scolaire
Lundi 25 septembre 2006, la cour d'appel de Pau condamne au civil le collège de Betharram. L’établissement est "civilement responsable du viol et des agressions sexuelles commises par M. Silviet-Carricart", écrivent les magistrats. L'arrêt indique que le curé "avait jeté son dévolu sur deux victimes, Franck et Benoît, à une époque où ils étaient fragilisés par la perte récente de leurs pères respectifs". Une décision judiciaire passée totalement inaperçue.
Jeudi 1er février 2024, le procureur de Pau ouvre une nouvelle enquête préliminaire sur l'affaire Bétharram. Les plaintes, en effet, s’accumulent. Les enquêteurs reçoivent ainsi 112 lettres dénonçant des faits de viols, d'agressions sexuelles et de violences recensées depuis les années 1980. Les victimes, mineures au moment des faits, décrivent unanimement le "climat de terreur" régnant au sein de l'école. "La question de Bétharram c’est de savoir comment cette chape de plomb s’est fabriquée et comment elle a pu durer aussi longtemps", explique Me Thierry Sagardoytho, avocat des victimes de l'école.
Hiver 2025. Le curé Henri L., 94 ans, le surveillant en chef Damien S., 69 ans, et le surveillant Patrick M., 59 ans, sont placés en garde à vue pour viols aggravés et agressions sexuelles aggravées. Pour les deux premiers, les faits sont prescrits. Seul le dernier gardé à vue, Patrick M., est mis en examen pour viol entre 1991 et 1994 et agression sexuelle en 2004. Il est placé en détention.
- Me Thierry Sagardoytho, avocat au barreau de Pau. L'un des avocats des victimes de l'établissement scolaire.
- Alain Esquerre, ancien élève et lanceur d'alerte dans l'affaire Bétharram. Coauteur avec Clémence Badault et Tiphaine Pioger du livre Le Silence de Bétharram aux éditions Michel Lafon.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte