3 min de lecture
Des bouquets de fleurs et des peluches en hommage à Etan Patz ( 2012 )
Crédit : EMMANUEL DUNAND / AFP
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Vendredi 25 mai 1979, peu avant huit heures du matin, Julie Patz, tente tant bien que mal de s'occuper de ses trois enfants, Shira, 10 ans, Etan, 6 ans, et Ari, 3 ans. Les Patz habitent un loft d'artiste au 113 Prince Street, dans le quartier de Soho. Etan insiste pour se rendre seul jusqu'à l'arrêt de bus pour l'école, juste au coin de la rue. La maman refuse puis, débordée, finit par accepter. Julie Patz voit s'éloigner son fils dans la rue brumeuse depuis la fenêtre de l'étage. En début d'après-midi, Etan n'est pas rentré. L'école a oublié de signaler l'absence aux parents.
Le détective William Butler et trois de ses collègues du bureau des personnes disparues sont chargés de l'affaire Etan Patz. Les parents sont tout de suite interrogés et mis hors de cause. Le signalement du petit garçon blond aux yeux bleus, un mètre pour un peu plus de vingt kilos, est distribué dans tous les commissariats. Un postier est formel : il a aperçu l'enfant à l'angle de Prince Street et Wooster Street. Il n'est jamais arrivé à l'arrêt de bus, tout proche.
Le quartier de Soho puis bientôt tout Manhattan vont se couvrir d'affiches. Le visage d'Etan est projeté sur les écrans géants de Times Square. L'affaire est commentée dans tous les journaux. Avec Etan Patz, l'Amérique découvre que pour ses enfants, le danger est au coin de la rue. Cinq mois après la disparition, la police diffuse le portrait-robot d'un homme, blanc, entre vingt et trente ans. Il aurait été vu en train de parler à l'enfant près de l'arrêt de bus.
Mardi 28 juin 1988, le procureur fédéral de New York, entouré de policiers du bureau des personnes disparues font face à José Antonio Ramos, 45 ans. Le FBI le décrit comme un vagabond itinérant mais surtout comme un dangereux pédophile. Il est alors en prison pour exhibitionnisme et attouchements dans une communauté hippie en Pennsylvanie. On le soupçonne encore du viol d’un garçon de cinq ans.
Lors de l'interrogatoire, José Antonio Ramos reconnait qu'en 1979, année de la disparition, il a fait des choses dont il a honte. Il décrit une scène qui se serait déroulée au Washington Square Park. Il a demandé à un petit garçon s'il voulait le suivre jusque chez lui pour regarder la télé. Le môme l'a suivi. Ramos dit qu'il ne lui a rien fait. Il est désormais sûr à 90% que cet enfant était celui de la photo. "On a tellement écrit sur cette affaire qu’il a pu retisser des détails", précise Philippe Coste, journaliste et correspondant aux États-Unis pour plusieurs médias, dans L'Heure du Crime, sur RTL.
Faute de preuve, José Antonio Ramos ne sera jamais inculpé pour la disparition d’Etan Patz. Vingt-deux ans après la disparition, un tribunal de Manhattan déclare Etan Patz officiellement décédé. Mai 2010, le procureur rouvre le dossier. La cave d’un immeuble de Prince Street, que possédait à l’époque un voisin des Patz, est fouillée. En vain.
Jeudi 24 mai 2012, un dénommé Pedro Hernandez, 51 ans, ouvrier, est arrêté à Maple Shade, dans le New Jersey. C’est son beau-frère qui s’est décidé à contacter la police New York après avoir vu un reportage sur le cas Etan Patz. Il y a trente ans, Hernandez a fait des confidences plutôt troublantes à son épouse. À New-York, il avait un jour agressé un petit garçon. Il l’aurait étranglé et aurait mis le corps dans un sac pour le balancer dans la benne d’un camion poubelle. Sa femme pensait qu'il délirait.
Face aux enquêteurs, Pedro Hernandez passe aux aveux. En 1979, il était employé de la petite boutique de boissons près du 113 Prince Street. Il a attaqué le petit garçon blond dans un coup de folie. Il l’a étranglé au sous-sol de la boutique. "Je sais ce que j’ai fait mais quand j’ai glissé le corps dans un sac plastique puis dans un carton, il était vivant. J’ai déposé le carton dans la rue", affirme, en larmes, le suspect.
Lundi 5 janvier 2015, Pedro Hernandez apparaît menotté devant le tribunal de Manhattan. Le jury ne parvient pas à s'accorder. Le procès est arrêté. "Il y avait eu énormément de fautes de procédures et il est vrai que les jurés se méfiaient. Ils pensaient que la police voulait à nouveau classer cette affaire", indique Philippe Coste. Moins d'un an plus tard. Un second procès démarre. Verdict ? Le quinquagénaire est condamné à un minimum de 25 ans de prison pour kidnapping et meurtre.
- Lisa Cohen, ancienne journaliste télé, productrice et réalisatrice.
Auteure du livre After Etan publié en anglais aux éditions Grand Central Publishing.
Elle est directrice du prix Dupont-Columbia à l'école de journalisme de Columbia.
- Philippe Coste, journaliste et correspondant aux États-Unis pour plusieurs médias.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte