Rugby : un homme jugé pour un mauvais plaquage qui a rendu son adversaire tétraplégique

Les conséquences extrêmement lourdes d'un mauvais geste sur un terrain de rugby. Un jeune joueur est devenu tétraplégique à l'âge de 17 ans après avoir été victime d'un plaquage illégal, survenu lors d'un match scolaire en décembre 2022. Deux ans plus tard, l'homme coupable de ce mauvais geste est jugé, ce mardi 17 décembre, à Tarbes.

Au micro de RTL, Mathias Dantin revient sur ce moment où tout a basculé. Il se souvient d'avoir été "ceinturé" par cet adversaire, puis "soulevé" sur plusieurs mètres. Sa tête a tapé en premier le sol. "C'est là que je me suis brisé les cervicales", souligne le joueur. Pour Mathias Dantin, ce procès est une nécessité. 

"Si j'y vais, c'est pour me faire reconnaître en tant que victime devant les juridictions", pointe le jeune homme au micro de RTL. Il a également d'autres motivations. Mathias Dantin espère avoir une reconnaissance "financière" et "morale". 

Il veut aussi revoir l'auteur de ce mauvais plaquage. Il attend notamment de la franchise de la part de son adversaire. "Ce qu'on veut, c'est surtout qu'il prenne la parole et qu'il assume ses actes". 

Le plaquage dit "cathédrale", celui reçu par Mathias Dantin, est strictement interdit au rugby, aussi bien chez les jeunes que chez les adultes. Une réflexion est d'ailleurs menée autour du plaquage et de sa violence du côté des instances. 

En moyenne, dans un match officiel, 176 plaquages sont réalisés par les joueurs. Selon les statistiques de World Rugby, plus d'une blessure sur deux, entre 55% et 60%, survient lors de cette phase de jeu chez les adultes. Des modifications sont régulièrement apportées au règlement pour favoriser la sécurité des joueurs. 

"Il voulait faire mal"

Le procès s'est donc ouvert devant le tribunal correctionnel de Tarbes. Les deux joueurs ne s'étaient plus vus depuis cet accident. Les retrouvailles ont été tendues. Ils se sont croisés avant l'audience. Les deux protagonistes ont pleuré. Mais à la barre, chacun a repris son rôle. L'auteur du plaquage s'est défendu. "C'était un geste mal maîtrisé, non maîtrisé. Ce plaquage a eu des conséquences dramatiques que je regrette", a-t-il expliqué. 

Pourtant, les témoins sont unanimes. Selon eux, l'agresseur a planté la tête de Mathias dans le sol. Le jeune homme a aussi pris la parole ce mardi. "Il voulait faire mal", a-t-il confié. Il a aussi raconté son handicap, sa vessie et son estomac qu'il ne maîtrise pas, toute sa dépendance. Ses parents sont aussi venus expliquer, avec des sanglots, le quotidien de cet enfant désiré et adopté, originaire de Colombie. 

“On voulait lui offrir le plus de bonheur possible et on a échoué. On aurait peut-être dû le laisser là-bas", ont décrit les parents de Mathias. L’auteur du plaquage encourt à une peine de prison ferme. Mais Mathias ne le souhaite pas. Il veut simplement que la justice reconnaisse qu’il est bien la victime de son adversaire. 

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