Comment un homme, pendant 10 ans, a-t-il pu placer sous son emprise 11 membres d'une respectable et riche famille française ? Personnage falot et sans relief, Thierry Tilly avait pris le contrôle de la famille de Védrines, qui, à partir du début de l'année 2000, commence à se retirer hors du monde dans le château de Martel.
Derrière les murs de la bâtisse, la vie de ses habitants reste secrète et les volets demeurent clos. Dans le village, on n'aperçoit que fugitivement les résidents qui sortent faire quelques courses. Impossible pour les conjoints des membres de la famille de se rendre sur place, ils sont exclus.
Jean Marchand, ancien journaliste marié à Ghislaine de Védrines, a constaté au cours d'une enquête personnelle que les comptes en banque qu'il avait en commun avec son épouse ont été vidés. La famille serait sous l'emprise d'un gourou. En 1999, cet homme de 34 ans a été embauché dans l'école de secrétariat que tenait son épouse Ghislaine à Paris. Devenu rapidement indispensable, incontournable, Thierry Tilly se présente un agent secret de l'OTAN, un neveu de la reine d'Angleterre ou un sportif de haut niveau. Un curieux personnage et mythomane dont toutes les sociétés à son nom ont fini en liquidation judiciaire.
Il nous arrive encore d'en parler
Jean Marchand, mari de Ghislaine de Védrines
Après 4 ans de réclusion, le château de Monflanquin est pour la première fois en ébullition. Philippe de Védrines et son épouse Brigitte sont parvenues à s'enfuir suite à la vente de plusieurs biens appartenant à la famille. En mars 2009, c'est Christine de Védrines qui s'échappe à son tour, quittant le nouveau repère des reclus, vivant désormais à Oxford pour échapper à la justice française. Elle témoigne devant le juge Lorentz, racontant les tortures mentales et les sévices qu'elle aurait subis. Tilly était persuadé qu'elle avait la clé d'un trésor.
Le 21 octobre 2009, Thierry Tilly est interpellé à Zurich puis mis en examen. Le 13 novembre 2012, Thierry Tilly est condamné à 8 ans de prison. Un an plus tard, les propos de l'accusé sont restés décousus et catégoriques. Selon les experts, il n'a toutefois rien de délirant et peut-être jugé. Le tribunal l'a condamné cette fois à la peine maximale.
Interrogé dans L'Heure du crime, Jean Marchand, mari de Ghislaine de Védrines témoigne d'un passé loin d'être oublié dans le cercle familial : "C'est impossible d'oublier et ce n'est pas nécessairement souhaitable. Comment voulez-vous oublier la cassure de dix ans d'une vie ? Avec mon épouse et mes enfants, nous vivons avec. Il nous arrive encore d'en parler, il n'y a pas de tabou".
En parallèle, la famille de Védrines, couverte de dettes, est bien décidée à démontrer qu'ils avaient été spoliés. Ainsi commence une bataille juridique pour récupérer leur bien, à savoir le château de Martel, qui a été "vendu dans leur dos".
- Jean Marchand, mari de Ghislaine de Védrines et co-auteur avec son épouse du livre Diabolique aux éditions XO.
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