Le lundi 9 novembre 1987, aux
alentours de 9h15, la petite Mélodie Nakachian, cinq ans, cartable sur le dos, sort de la somptueuse villa familiale d'Estepona, à
quelques kilomètres de Marbella. Il fait beau, elle est souriante. Elle grimpe
aussitôt à l'arrière d'une BMW conduite par son demi-frère, Raymond
Nakachian Junior.
La voiture démarre et franchit le portail en fer forgé qui cache ce domaine de luxe avant de s'engager sur
la petite route qui serpente en direction du bord de mer. Mais soudain, dans
un virage, une voiture rouge se met en travers. Au même instant, une
camionnette blanche vient se coller à l'arrière de la BMW. Trois hommes
cagoulés surgissent des véhicules, ils portent des vestes militaires, ils sont
armés de fusils à canon scié et d'armes automatiques.
Raymond Nakachian Junior est tenu en joue, mains crispées sur son volant. Mélodie est empoignée sans ménagement. Un individu la tire par le bras, la traîne et la pousse dans le fourgon qui démarre aussitôt. Le dernier cagoulé tire alors des rafales de pistolet automatique dans les roues de la BMW. Puis disparaît à son tour. Il est 9h30, le rapt a duré une minute à peine. Nakachian Junior remonte en courant jusqu'à la villa. Essoufflé et terrorisé, il lâche : "Mélodie a été kidnappée. Je n'ai rien pu faire, ils avaient des fusils de chasse, si j'avais tenté quoi que ce soit, ils m'auraient tué et Mélodie aussi".
L'un des commissaires saisi de l'enquête, Philippe Féval, avait été averti que des voyous français s'apprêtaient à faire un gros coup sur la Costa del Sol. S'agissait-il de l'enlèvement de la fille Nakachian ? Peut-être, même si le rapt ne semble pas être dans les cordes de cette équipe de truands. L'opération policière, nom de code "Gaby", est déclenchée.
Les ravisseurs réclament plusieurs millions de francs en échange de la petite Mélodie. L'enlèvement aura duré 11 jours avant que la police retrouve le portefeuille de l'un des ravisseurs qui les conduira vers l'enfant séquestrée.
"On a affaire à une équipe de voyous confirmée. Ils n'ont jamais été mêlés à un enlèvement et ils découvrent des mécanismes qui leur échappent complétement. Ils se disent 'si ça rate, qu'est ce qu'on fait ?' Et ça va être le cas", explique Dorothée Moisan, journaliste, auteur de "Rançons : le business des otages", aux éditions Fayard et au micro de L'heure du Crime.
- Dorothée Moisan, journaliste, auteur de "Rançons : Le business des otages", aux éditions Fayard
- Fréderic Ploquin, journaliste d’investigation et auteur de "C'était la PJ. Le temps béni des flics" aux éditions Fayard
- Pierre-Marie Heriaud, rédacteur en chef adjoint du quotidien Presse-Océan
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