24 février 2025. À Vannes (Morbihan), un procès hors-norme s’ouvre. Celui de Joël Le Scouarnec, un chirurgien retraité de 74 ans, accusé d’être un sordide pédocriminel à l’impunité sans égale dans l’histoire judiciaire française. Au total, 299 victimes âgées en moyenne de 11 ans au moment des faits. Pendant plus de 30 ans, cet homme a violé et agressé des enfants. Et ce, sans jamais être inquiété.
Qui est réellement ce médecin ? Comment cet homme a-t-il pu commettre l’impensable si longtemps ? Le matin du 2 mai 2017, à Jonzac (Charente-Maritime), les gendarmes perquisitionnent le domicile de cet homme d'une soixantaine d'années. Une semaine plus tôt, une petite fille de six ans a raconté à ses parents, qu'un voisin s'est exhibé devant elle, puis l'a "touchée" à travers le grillage. Ces derniers décident rapidement de porter plainte.
Au domicile de Joël Le Scouarnec, les gendarmes découvrent des dizaines de poupées sexuelles, des disques durs contenant plus 300.000 fichiers pédopornographiques, scatophiles et zoophiles. D'autres documents d'une rare violence sont également découverts, dont des journaux intimes qualifiés de "carnets noirs", cachés sous le plancher. L'homme y consigne toutes ses perversions et récits, de viols et agressions classés méthodiquement.
Né en 1950 à Paris, Joël Le Scouarnec grandit dans une famille modeste. Son père est ébéniste. Sa mère, concierge. À l’école, c'est un bon élève, studieux et discret. Il passe son temps à lire et à cataloguer des images. Une obsession de collectionneur qui marquera toute son existence. Très tôt, il se passionne aussi pour la médecine. Dans les années 1970, il intègre la faculté et se spécialise en chirurgie digestive.
Une réussite professionnelle qui fait la fierté de ses parents. À l’hôpital, il est apprécié et décrit comme un homme "compétent", "efficace" et "méticuleux". Le Scouarnec gravit les échelons sans difficulté. Avec son épouse Marie-France, il mène une vie confortable dans un manoir : trois enfants, des voyages et une salle dédiée à la musique, où le septuagénaire aime jouer du piano et écouter de l’opéra.
Sa première agression sexuelle remonte à 1985. Il dit avoir ressenti ses premières pulsions au contact d'Alexandra, sa petite-nièce qui "venait souvent sur [ses] genoux". Dès lors, Joël Le Scouarnec ne laisse plus rien au hasard pour assouvir ses fantasmes. Après ses études, les portes des plus grands hôpitaux de l’ouest de la France lui sont ouvertes.
Le Scouarnec met rapidement en place un effroyable mode opératoire, utilisant son statut de chirurgien pour agresser et violer sans être soupçonné. Le bloc opératoire et les chambres de ses jeunes patients deviennent dès lors ses endroits de prédilection. Ses petites victimes, anesthésiées et inconscientes sont isolées de leurs parents et subissent des agressions dont elles ne sont pas au courant.
Le chirurgien prépare, avec soin, des prétendus actes médicaux et agit de façon furtive. "Il faut savoir être patient et compter sur sa chance”, écrit-il. La plupart du temps, Le Scouarnec est indétectable. Lorsque le moindre soupçon surgit, il change d’établissement.
L'homme revendique être un pédocriminel. Dans ses carnets, il écrit : "Tout en fumant ma cigarette du matin, j'ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste, voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste [...] pédophile. Et j'en suis très heureux". Dans ses écrits... Joël Le Scouarnec assume aussi : “Je suis pédophile et le serai toujours."
En 2005, il est condamné à une peine de quatre mois de prison avec sursis, pourtant, Le Scouarnec n'éveille aucun soupçon. Le chirurgien continue d’exercer sa profession dans de nombreux hôpitaux du Grand Ouest de la France. Quelques signalements sont effectués, sans que cela ne l'arrête, jusqu’à ce matin de 2017, à Jonzac (Charente-Maritime).
Lors de son procès ouvert le 24 février 2025 à Vannes (Morbihan), il ne montre que peu d’émotion, décrivant ses actes avec une froideur clinique. "J’étais dans la transgression en permanence. Je ne m’interdisais rien", déclare-t-il. Le Scouarnec revendique ses deux visages : d’un côté, le chirurgien brillant, méticuleux et réputé pour ses compétences. De l’autre, le pédocriminel sadique.
Ce procès historique marque ainsi la fin d’une trentaine d’années d’abus. C’est le temps de la reconstruction qui débute pour ses 299 présumées victimes. "Il est en prison. Mais nous, nous sommes condamnés à vivre avec ce qu’il nous a fait", déclare l'une d'entre elles.
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