Un procès de l'horreur s'ouvre ce 24 février. Il s'agit du plus grand procès de pédocriminalité jamais organisé en France, celui de Joël Le Scouarnec, cet ancien chirurgien accusé de viols et d'agressions sexuelles sur 299 victimes. 299 des patients des différentes cliniques dans lesquelles il a exercé, souvent de très jeunes enfants.
Anaïs, qui a 38 ans aujourd'hui, avait 10 ans lorsque Joël Le Souarnec l'a violée durant une consultation sous couvert d'actes médicaux. Elle se souvient du regard dur, noir du docteur quand elle pleurait en répétant : "j'ai mal". Désormais, elle lutte contre la honte, contre le silence.
"Il se cache, c'est sale, on n'en parle pas, raconte-t-elle. Dès qu'on en parle, c'est gênant. Et en fait, il faut arrêter de se sentir gêné sur ce genre de choses parce qu'il y a énormément de personnes, d'enfants, de femmes, d'hommes aussi, qui ont été violés au cours de leur vie et il faut que ça cesse". "Le problème, poursuit-elle, c'est que tant que les gens restent dans le silence, les pédophiles, les violeurs, continuent d'agir. Il faut que la roue tourne et que ceux qui ont peur des victimes, il faut que ça s'arrête. Donc ce procès, ce n'est pas juste un procès d'un violeur. J'espère que ce sera un exemple."
Dans ce procès, il n'y aura pas de huis clos total, mais certaines victimes, une quarantaine pour l'instant, vont demander un huis clos partiel. Les débats qui les concerneront ne se tiendront pas publiquement. Les 299 victimes reconnues par la justice ont, le plus souvent, appris par les gendarmes qu'elles avaient été agressées.
Les gendarmes ont développé la même grille de questions pour toutes les victimes à qui elles ont lu des extraits des carnets de Joël Le Scouarnec, une sorte de journal intime où celui qui écrit dit "être fier d'être pédophile", avait tout consigné. Une lecture insoutenable, une plongée dans la tête du criminel qui allie des mots très crus à un pseudo-sentimentalisme déplacé.
"Il y a une lecture extrêmement brutale des éléments des journaux intimes de M. Le Souarnec, explique l'avocate Marie Grimaud, qui représente 37 parties civiles. Vous sortez de cette audition, me disent mes clients, sans accompagnement, se retrouvant sur le trottoir, ne sachant où aller, et ils vont vous laisser seul avec ça".
Plusieurs victimes ne seront pas à l'audience, certaines se sont données la mort après avoir appris ce qu'elles avaient subi. Seule une trentaine sur les 299 avaient des souvenirs nets. Beaucoup étaient endormis au bloc pendant les crimes du chirurgien.
Cette affaire, c'est celle du silence. Silence brisé par la petite voisine du chirurgien âgée de 6 ans qui porte plainte en 2017 contre son voisin, âgé alors de 66 ans. La perquisition chez lui révélera l'ampleur du passé pédocriminel de ce père de famille. Des centaines de photos, vidéos, écrits, des poupées à grandeur d'enfant, certaines affublées d'un faux sexe. Et on se rend compte que ces premières victimes, ce sont ses nièces.
Le silence de la famille avait perduré dans le monde professionnel, et cela, même après une condamnation en 2005. Quatre mois avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, à la suite d'un vaste coup de filet piloté à l'époque par le FBI. Mais ni l'ordre des médecins, ni la direction de l'hôpital dans lequel le prédateur exerçait, pourtant mis au courant, n'avaient alors jugé bon de prendre des mesures particulières. Joël Le Scouarnec avait pu se retrouver seul avec ses petites victimes jusqu'au jour de sa retraite, le 1er mai 2017, veille de la perquisition chez lui, la fin de 30 ans de silence.
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