Au neuvième mois du procès des attentats du 13-Novembre, la Cour donne une deuxième chance de parler à toutes les victimes qui souhaitent encore s'exprimer et n'ont pas pu, ou voulu, le faire en septembre dernier. Le procès va entendre près de 90 parties civiles, rescapés et familles endeuillées dans les jours à venir. Un nouveau tunnel de chagrin juste avant la clôture des débats puisque vont commencer ensuite les plaidoiries des avocats.
Cédric, prof d'histoire et rescapé du Bataclan, a finalement décidé de prendre la parole et de raconter son histoire et ce qu'il a sur le cœur depuis près de six ans. Cédric Maurin a eu besoin de tout ce temps pour être prêt à faire le chemin jusqu'à la barre. Il suit les audiences quasiment tous les jours depuis le début, et cela va forcément peser sur les mots qu'il s'apprête à déposer à la barre.
"On ne témoigne pas en mai comme on témoigne en début de procès", confie le rescapé. "Au début, en septembre, octobre, il y avait beaucoup d'émotion, beaucoup d'attente, on attendait de voir ce qui allait se passer. Là, on sait à qui on a affaire dans le box. J'ai envie faire un témoignage de vie, un truc un peu offensif. J'aimerais qu'on s'en serve d'un outil ou d'une arme verbale pour renverser le rapport de force. Dans le box, on est face à des gens qui sont décevants. C'était peut-être bête d'avoir des attentes, c'est une petite bande de délinquants, pour qui le rapport à la loi et aux autres est extrêmement ambivalent. On n'est pas face aux monstres, face aux fous, on est face aux médiocres".
Face à la Cour, Cédric voudrait surtout parler de l'après, de la place si difficile des rescapés dans la société. Mais il faudra aussi, il le sait, replonger dans la fosse du Bataclan. "Ce n'est pas tant la violence, le sang, les morts ou le silence qui régnait qui ont été durs pour moi, c'est le fait d'être piégé".
"Au procès, une mère a perdu son compagnon et a dit 'On est des athlètes du deuil'. On est des athlètes du deuil mais aussi des athlètes de la reconstruction et de la résilience. On n'imagine pas la force, le temps et l'énergie que ça demande de se reconstruire après ça".
Mais cette épreuve, Cédric la voit aussi à travers ses yeux de chercheur en histoire et il y a quelque chose de vertigineux de savoir que dans quelques heures, ses mots seront filmés et enregistrés pour l'Histoire. "Dès le soir du Bataclan, j'ai mis les choses en perspective historique, parce que j'allais devoir donner mon témoignage à des policiers. Un jour, quand un historien ouvrira les cartons, au moins mon dossier sera juste et complet, il représentera ce que j'ai vécu. C'est un témoignage pour se faire du bien aussi, pour se délester, mettre ça derrière. Dans l'idéal, j'aimerais bien boire à la barre la bière que je n'ai pas bue ce soir-là, devant les accusés et leur dire que nous, à la fin du procès, on va continuer nos vies".
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