C'est le procès le plus attendu de l'année. Le seul survivant des attentats de Paris et Saint-Denis comparaît à Bruxelles, avec Sofien Ayari, à partir de lundi 5 février. Ils ne sont pas jugés dans le cadre de l'enquête sur le 13 novembre, mais pour une fusillade qui a éclaté à Forest le 15 mars 2016 lors de la traque du terroriste dans laquelle trois policiers belges ont été blessés. Le jihadiste a été interpellé quelques jours plus tard.
Lundi 5 février, c'est le jour où certaines victimes ou proches de victimes des attentats de fin 2015 sont confrontées à celui qui est directement impliqué dans les attaques terroristes, en chaire et en os. Philippe Duperron en fait partie. Il a perdu son fils Thomas au Bataclan.
Ce père meurtri est "convaincu qu'il va y avoir une énorme émotion". Il y aura "une charge émotionnelle extrêmement forte parce que j'aurai devant moi, de visu, vivant, l'une des personnes qui a probablement tenu une arme qui possiblement est celle qui a tué mon fils. Inévitablement, c'est quelque chose qui m'émeut profondément".
Inévitablement, c'est quelque chose qui m'émeut profondément
Philippe Duperron, père de Thomas, tué au Bataclan
Il n'espère pas faire son deuil grâce au procès, "ça n'a pas beaucoup de sens". "Notre enfant il nous manque, nous pensons à lui en permanence, le matin, le soir, on l'a toujours présent à l'esprit, ajoute-t-il. Ce sera un moment qui mettra encore un peu de sel sur la plaie, mais c'est tout".
Ce sera un moment qui mettra encore un peu de sel sur la plaie
Philippe Duperron, père de Thomas, tué au Bataclan
Philippe Duperron n'espère pas grand chose de ce rendez-vous. "Personnellement je n'attends rien d'Abdeslam, confie-t-il. Il n'a aucune raison objective pour que, du jour au lendemain par le fait d'une illumination subite, il accepte de collaborer et de nous dire tout ce qui s'est passé."
Il ajoute : "On ne peut pas imaginer qu'il y ait de sa part une volonté de rémission, ou une attente de quelque pardon que ce soit puisqu'il a encore déclaré, après l'attentat, qu'il voulait 'finir le travail'. On n'a rien à attendre".
Des victimes et familles de victimes des attentats à Bruxelles du 22 mars 2016 seront aussi présentes. Une association a d'ailleurs tenu à se constituer partie civile, ce qui pourrait, éventuellement, amener à un nouveau report du procès. Il avait déjà été décalé en décembre dernier après la décision tardive de l'accusé Salah Abdeslam d'être finalement défendu par un avocat.