Procès de Cédric Jubillar : jour J pour le verdict, l'accusé peut-il être acquitté ?

Cédric Jubillar, jugé depuis le 22 septembre pour le meurtre de Delphine, la mère de leurs deux enfants, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac-les-Mines, va-t-il être condamné ou acquitté ? 

Ce vendredi 17 octobre, les trois magistrats et les six jurés devront rendre leur verdict selon leur intime conviction. Sept sur neuf doivent déclarer Cédric Jubillar coupable pour qu'il soit condamné. Si trois votent non coupable, il sera acquitté. Mercredi soir, les avocats généraux du procès avaient requis 30 ans de réclusion criminelle contre Cédric Jubillar.

Un procès sans grand moment de bascule

À quelques heures du verdict, l'incertitude plane sur la cour d'assises du Tarn. Car l'audience n'a pas permis de faire vaciller Cédric Jubillar, qui clame son innocence depuis son arrestation. Il n'y a pas eu de grand moment de bascule, de frissons d'assises, et souvent, l'impression de faire du sur place au fil de l'audience.

Le peintre-plaquiste de 38 ans est resté verrouillé dans son box, parfois incapable de répondre, empêtré dans ses silences et approximations. La voix calme mais le corps agité, comme monté sur ressort, comme le note pour RTL Me Mourad Battikh, avocat de plusieurs membres de la famille maternelle de Delphine et de son ex-amant. 

"Les éléments du dossier étaient trop grands, trop lourds et impossibles à surmonter, à dépasser pour Cédric Jubillar. Ça craquait de toutes parts. Il se prend les pieds dans le tapis sur la chronologie, il n'y arrive plus. Il va dire qu'elle sort les chiens, qu'elle ne les sort pas, qu'elle lui fait un câlin, qu'elle ne le fait pas, le téléphone, tout. C'est-à-dire qu'il n'y a pas une chose sur laquelle il n'a pas dit tout et son contraire", analyse le conseil.

Dans ce dossier, seul le chien pisteur ne peut être accusé de mentir : l'animal n'a détecté qu'un trajet d'habitude. Ce qui veut dire que Delphine Jubillar n'a pas été enlevée par un rôdeur. Son téléphone n'a jamais quitté la zone du pavillon, "à moins qu'elle n'ait été hélitreuillée", comme a ironisé l'accusation, ou "enlevée par des extraterrestres". Dans cette logique, le tueur est donc dans la maison, et ne peut être que Cédric Jubillar. 

Un scénario qui reste imprécis

Sauf que la justice n'est pas parvenue à décrire un scénario précis, sans scène de crime ni nettoyage. Seules les lunettes de Delphine Jubillar, retrouvées brisées "par un choc violent" pourraient donner un aperçu de ce qui s'est joué cette soirée du 15 au 16 décembre 2020. 

Maître Laurent Boguet, l'avocat des enfants Jubillar, est convaincu que Cédric Jubillar a explosé. "Ça a dû se passer très rapidement. Ça a fait vriller Cédric Jubillar. Et la meilleure façon de faire taire quelqu'un qui vous agresse par les mots qu'il utilise, c'est de l'étrangler. L'absence de tâche de sang, ça s'explique par le recours à un mode opératoire qui est le second utilisé dans les féminicides, statistiquement".

Mais où Delphine aurait-elle été tuée ? Certains éléments à charge majeurs ne collent pas entre eux. Par exemple, à 22h55, cette nuit-là, la mère de famille envoie un dernier message à son amant. Deux minutes plus tard, maximum, des voisines entendent des cris à l'extérieur, alors même que le petit Louis, le fils du couple, est en train de se coucher et qu'il n'a pas vu sa maman aller dehors. Comment Cédric Jubillar aurait-il ensuite transporté le corps ? La voiture était remplie de bazar, et aucune trace n'y a été retrouvée par les experts. 

Ce procès a-t-il été une "erreur judiciaire" ou l'occasion de condamner celui qui a "tué" Delphine Aussaguel ? Les trois magistrats et les six jurés vont devoir trancher.

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