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Pilule contraceptive : l'affaire Marion Larat, emblème du combat contre les laboratoires

Marion Larat avait porté plainte en 2012 contre le laboratoire allemand Bayer après un AVC qu'elle impute à la prise de sa pilule contraceptive de 3e génération. L'affaire s'apprête à être instruite au pénal.

Marion Larat, en mars 2014 à Bordeaux.
Crédit : JEAN-PIERRE MULLER / AFP
Marie Zafimehy & AFP
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Double victoire pour Marion Larat. Cette jeune Bordelaise lourdement handicapée après un AVC en 2006 qu'elle attribue à la pilule de 3ème génération, a connu cette année d'énormes rebondissements dans l'affaire qui l'oppose au laboratoire Bayer. D'abord, la jeune femme se voit octroyer une indemnisation conséquente au civil, mais surtout son dossier est sur le point d'être instruit au pénal.

Devant la presse, l'avocat de Marion Larat, Me Jean-Christophe Coubris, a exprimé lundi 26 octobre son "soulagement". À la suite de ces décisions, la jeune femme devrait être auditionnée par une juge d'instruction "d'ici la fin de l'année", a-t-il précisé. Le conseil a tout de même tenu à souligner aussi son "écœurement que huit ans aient dû passer" avant d'avoir la certitude d'une instruction avec garantie "de vraie expertise". 

Ne pas se sentir coupables ni fautives mais bien victimes de la pilule

Marion Larat

Marion Larat, qui avait été élue femme de l'année en 2013 par RTL, Marie-Claire et France 2, avait du interrompre de prometteuses études après son AVC. Elle est aujourd'hui une jeune maman de 33 ans, qui vient d'accoucher d'un deuxième enfant. Devant la presse, elle a appelé lundi 26 octobre les femmes souffrant de séquelles de pilules à "ne pas se sentir coupables ni fautives mais bien victimes de la pilule, et se battre, porter plainte"

Elle dit rester sujette à des crises d'épilepsie, à une aphasie (trouble du langage) qui affecte aussi son écrit, souffrir d'une hémiplégie de la main droite, d'une fatigabilité "extrême", et affirme  "qu'elle ne pourra jamais travailler". Elle a rappelé en pleurant le cas de Maylis, une jeune femme décédée en 2012 d'une embolie pulmonaire liée selon elle à la pilule 3e génération, "trois semaines avant que mon affaire ne commence, avant ma prise de parole". 

Une pionnière du combat contre les laboratoires

La jeune femme avait été fin 2012 la première Française à porter plainte pour "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne", après un AVC subi à 18 ans, lié selon elle à la pilule Méliane, produite par le groupe allemand Bayer. L'AVC massif, qui l'a handicapée à 65%, fut d'abord attribué à une malformation cardiaque mais, en 2011, le lien causal entre la prise de cette pilule et l'accident était reconnu par la commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux. 

À l'époque, l'affaire avait poussé les autorités sanitaires à anticiper le déremboursement des "mini-pilules", et ouvert la voie à quelque 130 autres plaintes, centralisées au pôle de santé publique du parquet de Paris. Malheureusement, en 2017, le parquet avait fini par classer l'enquête concernant 29 marques de pilules contraceptives de 3e et 4e générations. 

Me Jean-Christophe Coubris, avocat de Marion Larat, avait alors déposé une plainte avec constitution de partie civile, entraînant désignation d'un juge d'instruction. Sans succès : une ordonnance de non-lieu avait été rendue en octobre 2018. Me Coubris avait alors fait appel de la décision. 

Double victoire juridique

Premier rebondissement : dans un arrêt de juillet dernier, dont l'AFP a eu connaissance, la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris donne raison à Marion Larat considérant qu'il a été "estimé à tort que le lien de causalité entre la prise (de la pilule Méliane) et l'AVC n'avait pas été établi de façon certaine". 

Parallèlement, sur le plan civil, Marion Larat, dont la justice avait reconnu la qualité de victime d'"un accident médical non fautif", s'est vu allouer, par un jugement en septembre du tribunal judiciaire de Bordeaux, dont l'AFP a eu copie, des indemnités pour préjudices subis de 4,5 millions d'euros ainsi qu'une rente annuelle de 25.000 euros, versés par l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam). En février 2018, l'Oniam avait déjà dû verser une provision de 550.000 euros.

Une centaine de dossiers similaires

Dans un parallèle avec le lancement d'alerte par Irène Frachon dans l'affaire (de l'antidiabétique) Médiator, Me Coubris a estimé que "si on n'avait pas eu en 2012 le courage de Marion, "pas la première victime de pilules, mais la première à vociférer (...), on aurait toujours autant de pilules 3e et 4e génération vendues, prescrites en première intention, autant d'accidents". 

Mais "le sujet est toujours là", a insisté l'avocat, qui suit "une centaine" de dossiers de séquelles de pilules. Et vise, au-dela d'une condamnation de Bayer dans ce dossier, les laboratoires qui "continuent à commercialiser ces pilules-là" et font preuve, selon lui, d'une "légèreté condamnable au vu de l'information qu'on a aujourd'hui". Sollicité par l'AFP, Bayer n'avait pas réagi en fin de journée. 

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