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Des enfants marchent dans le quartier populaire de Pissevin, à Nîmes, le 27 mars 2021.
Crédit : Sylvain THOMAS / AFP
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À Pissevin, le quartier populaire du sud-ouest de Nîmes, les habitants sont à la fois choqués et résignés après la fusillade du petit Fayed, 10 ans. Une mère passe dans la rue, tenant fermement la main de son fils. Ce dernier glisse son doigt, amusé, dans un trou créé par l'impact d'une balle dans la carrosserie d'une voiture. Une scène devenue banale dans ce quartier dans lequel règne l'omerta.
Un homme souhaite témoigner discrètement à notre micro, mais il prévient : si son identité est connue, il risque gros. "Ici, c'est la guerre", glisse-t-il avant de s'enfuir à la vue d'une personne qui approchait. Lina, 11 ans, est la seule qui semble disposée à pouvoir parler, après avoir été autorisée par sa mère : "J'ai entendu beaucoup de balles tirées, 5-6 fois. Il y avait des enfants en train de jouer, et leurs mères ont laissé les claquettes, les vélos, ils ont tout laissé, ils sont partis en courant".
Dans le quartier, les parents disaient à leurs enfants de "rester par terre" au cas où les balles continuaient à être tirées. La peur se fait ressentir également pour Ludovic, qui estime que la violence est quotidienne. Il déplore la saleté, l'insécurité, la violence : il a déjà fui trois hommes armés de kalachnikovs arrivés devant la Poste. La fusillade ne l'a pas surpris : "Malheureusement, c'est grave, mais ça ne nous choque même pas", lâche un résident du quartier, résigné.
En effet, la veille de la fusillade, un adolescent de 14 ans avait été grièvement blessé par balles, tandis qu'un homme de 49 ans avait été tué par armes à feu en janvier. Au total, une quinzaine de règlements de compte avaient causé huit morts à Nîmes en 2020 et trois en 2021, dont un adolescent de 17 ans. La plupart de ces homicides avaient eu lieu dans les quartiers de Chemin Bas, du Mas de Mingue et de Pissevin. Dans le quartier, le taux de pauvreté est de plus de 70% et un habitant sur deux est au chômage.
Des fleurs ont été déposées au pied de la tour où habite de la famille de Fayed, juste à côté des tarifs de la drogue affichés à l'entrée du bâtiment. Saïd, qui vit dans le quartier depuis 30 ans, témoigne : "Les gens ne peuvent plus passer" pour aller jeter leurs poubelles. Il ajoute même que certains se font menacer : "J'ai une amie, ils (note : les dealers) lui ont dit : la prochaine fois, ça sera votre mari ou l'un de vos gamins".
Les dealers sont équipés d'un arsenal d'armes important, même les forces de l'ordre se sentent parfois dépassées, selon David Leyraud, représentant d'Alliance sur cette zone. Le déploiement de la CRS-8 depuis l'après-midi du 22 août ne rassure pas vraiment les habitants. Seule une vingtaine d'hommes ont investi la zone, de 15 à 18 heures. S'ils peuvent rester 24 heures, "ils sont en infériorité numérique", avance un Nîmois. Et surtout, la solution n'est que temporaire : "quand ils seront partis dans trois jours, les trafiquants se remettront sur leur chaise, et on ne pourra pas faire ce qu'on veut, on sera obligés de suivre leurs règles à eux".
La terreur qui règne dans le quartier n'est donc pas près de prendre fin, comme en témoignent les impacts de balles sur les murs et les voitures...
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