Narcotrafic : qu'est-ce que le "statut du repenti" examiné au Sénat ?

"Je déconseille à toute personne qui souhaiterait parler, en l'état actuel de la loi, de le faire", assure l'avocate Clarisse Serres, invitée sur RTL, lundi 27 janvier. Auteure de L'avocate et le repenti aux éditions Sonatine, Clarisse Serres raconte dans son livre comment l'un de ses clients a obtenu le statut de repenti et les coulisses de cette position peu enviable, selon elle. 

Elle dénonce notamment de nombreux "dysfonctionnements". "Le constat que j'ai pu faire de cette expérience pendant cinq ans, c'est un échec total", lance-t-elle. 
Pour lutter contre le narcotrafic, le Sénat doit justement étudier, mardi 28 janvier, une série de propositions, dont la révision du statut de repenti. Ce dernier permet à un délinquant de bénéficier d'une nouvelle identité et d'une protection en échange d'informations. Pour y prétendre, il faut répondre à plusieurs conditions comme être éligible à une exemption ou une remise de peine.

Un statut qui ne protège pas assez

Malgré son statut, la vie de son client va être mise en danger plusieurs fois : "On l'a exclu du programme. Le service et la CNPR ont fait une démarche, ont entrepris des démarches judiciaires pour lui retirer son nom d'emprunt. Et heureusement, après plusieurs décisions judiciaires, donc une décision unique, je tiens à le dire, et inédite de la Cour de cassation, il a pu conserver cette identité d'emprunt", raconte-t-elle

"C'est la seule chose qui lui reste, c'est ce que j'appelle son bouclier, parce que sinon, il serait très facilement identifiable. Je ne sais pas ce qui se serait passé et je n'ose d'ailleurs l'imaginer", poursuit-elle. 

Une proposition examinée au Sénat

La révision du statut de repenti débattu au Sénat est une bonne nouvelle, mais l'avocate regrette que les propositions faites aujourd'hui soient "beaucoup trop lourdes et ne vont pas au bout du système". 

"Je pense qu'il faut vraiment révolutionner la pensée de dire pourquoi les gens actuellement en prison ne parlent pas. (...) il faut repenser tout ce qui se passe actuellement, et notamment la manière de penser à l'extérieur, la manière de protéger, et la manière d'avoir envie d'aider, de parler", assure Clarisse Serres.