Mort d'Émile : près d'un an après la découverte des ossements, toutes les pistes ont-elles été exploitées ?

C'est l'une des affaires les plus médiatisées de ces dernières années. Alors que les obsèques du petit Émile Soleil se tiendront samedi 8 février dans le Var, une question demeure : le jeune garçon a-t-il été assassiné ? Disparu le 8 juillet 2023, son crâne est retrouvé huit mois plus tard, le 30 mars 2024, par une randonneuse dans le village du Haut-Vernet, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Une découverte majeure qui avait permis aux enquêteurs d'identifier, 150 m plus loin, les vêtements de l'enfant. "Entre la chute, l'homicide involontaire et le meurtre, on ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plutôt qu'une autre", précisait le procureur, laissant les rumeurs aller ainsi bon train. 

Les soupçons se sont donc d'abord portés sur le grand-père. Présenté comme un homme très autoritaire, il aurait pu avoir un geste brutal à l'encontre de l'enfant ou avoir fait l'objet d'une vengeance de quelqu'un qui le détestait. Mais les investigations ne donnent rien, mettant entre parenthèses la piste familiale. "Il faut quand même rappeler que depuis le début de l'enquête, il n'y a pas eu de garde-à-vue, encore moins de garde-à-vue de quelqu'un de la famille, indique Maxime Levy, journaliste RTL police/justice. C'est une famille qui vit en vase clos, qui ne parle ni aux journalistes, ni à ses voisins, donc forcément, dans le hameau, les gens s'interrogent. Il y a une ambiance particulière, il y a beaucoup de choses qui ont été dites, mais la plupart ne sont pas fondées."

Plusieurs mois après cette découverte en contrebas du hameau du Haut-Vernet, le procureur d'Aix-en-Provence reçoit le rapport commandé au laboratoire d'hématologie médico-légale de Bordeaux, chargé d’expertiser les restes du petit garçon. Deux traces ADN sont isolées sur les vêtements du petit garçon, mais les enquêteurs restent prudent et n'excluent pas une possible contamination par l'un d'eux. 

"L'ADN est partiel et dégradé donc avec ces petits bouts, on peut toujours essayer de les comparer. Mais effectivement, si ce n'est pas une contamination du laboratoire, d'un enquêteur ou autre, à un moment, il faudra, ne serait-ce que pour ramener le calme dans le village, comparer cet ADN à tous les habitants, espère François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, directeur du Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale. Je pense que les juges d'instruction pourront le décider pour ramener la quiétude. Et c'est certainement pour ça que la mairie a refusé le permis d'inhumer sur place pour éviter ce que l'on voit avec l'affaire Grégory, c'est-à-dire un tourisme criminel où les gens viennent faire des selfies sur la tombe du petit Grégory."

Un climat tendu dans le village

Les gendarmes qui enquêtent sans relâche sur l'affaire Émile n’ont pas encore mis un point final à leurs investigations. La fin de l’instruction n’est pas programmée. "Ce sera chose faite quand toutes les portes seront fermées, avec l'espoir que la famille ait enfin une réponse", indique un enquêteur. 

"Il n'y a pas eu de garde-à-vue, mais beaucoup d'auditions. Ça se compte en plus d'une centaine, rapporte Maxime Lévy. Il y a eu plus d'un millier, voire plus d'un million de lignes téléphoniques qui ont été étudiées après avoir bornées. Il y a eu une mise en situation, des analyses sur les ossements et les vêtements notamment. On va aussi comparer la terre et les végétations qui étaient présentes sur les ossements pour voir si cela correspond avec le lieu de la découverte du corps. C'est absolument titanesque tout ce qui a été fait. Et malgré ce travail, les enquêteurs ne peuvent pas éliminer une piste, c'est-à-dire le crime, l'accident par un tiers ou l'accident individuel." 

Les habitants "sont toujours traumatisés parce qu'ils ne savent pas. Et comme ils ne savent pas, tout le monde se regarde, lance Etienne Baudu, journaliste, chef du bureau RTL en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il y a d'un côté les gens du Haut-Vernet, de l'autre, ceux du Bas-Vernet. Ce sont deux hameaux à part."

Les obsèques d'Émile Soleil auront lieu samedi 8 février, dans le Var. L'enfant doit être inhumé dans le cimetière de la Bouilladisse, dans les Bouches-du-Rhône, là où le garçon a grandi.

Les invités de "L'Heure du crime"

- François Daoust, ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, directeur du Centre de Recherche de l'école des Officiers de la Gendarmerie Nationale et coauteur avec Jacques Pradel du livre Police technique et scientifique : le choc du futur, publié aux éditions du Rocher.
- Maxime Levy, journaliste RTL police/justice.
- Etienne Baudu, journaliste, chef du bureau RTL en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

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