DOCUMENT RTL - "J'espère qu'il y aura une réponse" : Sadia, randonneuse, raconte comment elle a découvert le crâne du petit Émile

Le 8 juillet 2023, le petit Émile disparaissait mystérieusement dans le Haut-Vernet (Alpes de Haute-Provence). Après des mois de recherches, une randonneuse a permis de faire avancer l'enquête sur la mort du garçon en mars en retrouvant par hasard son crâne. Des analyses ont été faites depuis, le rapport d'expertise a été remis au juge et il sera rendu public dans les prochains jours. 

Sadia a 60 ans, originaire de la région parisienne. C'est elle qui a retrouvé les ossements d'Émile. Aujourd'hui, oui, elle attend avec impatience les résultats de ce rapport d'expertise. Car grâce à sa découverte du crâne, les enquêteurs ont pu retrouver aux alentours un t-shirt, les chaussures et une culotte du petit Emile, qui ont donc aussi été analysées. Elle s'exprime pour la première fois à la radio ce vendredi 27 septembre sur RTL. 

"J'espère qu'il y aura une réponse malgré tout. Qu'un jour les parents, et puis même les forces de l'ordre, tout le monde va savoir véritablement qui est le coupable, s'il y en a un, ou si c'est un accident. Comment ce petit bout a pu… Comment tout ça est arrivé ? Bien sûr, c'est bon de savoir", explique la sexagénaire. Aujourd'hui, tout le monde se perd en conjecture entre une chute accidentelle de l'enfant, l'homicide involontaire et le meurtre. On ne peut toujours pas privilégier une hypothèse plus qu'une autre. D'où l'impatience de savoir si ce rapport va bouleverser ou non l'enquête.

Je tremble, je le regarde et je dis, waouh, ça c'est le petit, c'est le crâne du petit. Je ne sais pas pourquoi, mais j'en suis sûre

Sadia

Sadia est au cœur de cette affaire puisque sa découverte du petit crâne a complètement relancé l'enquête. Une découverte au cours d'une randonnée, par hasard. À la retraite, Sadia s'est prise de passion pour la randonnée. Deux à trois fois par semaine, elle part seule pendant de longues heures sur les sentiers autour du Vernet. Le samedi 30 mars dernier, elle prépare son sac à dos avec un pique-nique, une gourde et deux sacs plastiques avec lesquels, en cas de pluie, elle enveloppe ses pieds pour rester. On sait qu'on verra leur importance. Une randonnée qui va la plonger au cœur du drame.

"Il y avait quand même ce jour-là du sirocco, j'y suis allée quand même. Donc je fais le chemin habituel que je connais. Il y a un petit panneau en bois, il y a marqué Haut-Vernet. Donc là, je tourne", raconte Sadia qui décrit un sentier "étroit". "À gauche, c'est pentu et à droite, c'est en descente. Je marche, je marche, je marche. Et là, en plein milieu du sentier, il y a le crâne. Il est blanc, tout blanc, immaculé. Je tremble, je le regarde et je dis, waouh, ça c'est le petit, c'est le crâne du petit. Je ne sais pas pourquoi, mais j'en suis sûre", poursuit-elle. 

"Mais je ne veux pas le laisser là, parce que le vent souffle, il va partir, il va disparaître. Parce que malgré tout, ce crâne était léger, très très léger. Et ça m'a surprise d'ailleurs. Et débrouille-toi, prends-le parce que personne ne va le retrouver. Voilà ce qui se passe dans ma tête. Le réflexe de sortir malheureusement mes petits sacs, de l'envelopper sans le toucher", raconte Sadia. "Il faut vite, vite, vite, vite rentrer à la maison et téléphoner à la gendarmerie. Et dans ma tête, je me dis, enfin, les parents vont savoir que je l'ai retrouvé. Ils vont pouvoir l'enterrer et commencer le deuil."

On m'a accusée d'avoir tué l'enfant. C'est choquant.

Sadia

Les gendarmes récupèrent ensuite chez elle le crâne, emmènent Sadia à la brigade pour l'interroger. Puis ils partent ensemble sur le lieu de la découverte que les militaires sécurisent. Depuis, Sadia n'a jamais été recontactée ni par les gendarmes ni par les juges. Elle a été particulièrement choquée par les commentaires qui ont été colportés sur elle après l'annonce de cette découverte et ses circonstances. Ce déluge d'insinuations et d'accusations l'a bouleversée.

"On m'a accusée d'avoir tué l'enfant. C'est choquant. Là, ça fait mal. On m'a dit qu'il ne fallait pas que je le touche, qu'il ne fallait pas que je le ramasse. Pourquoi je n'ai pas de téléphone ? Pourquoi j'ai des sacs plastiques ? Non, de quel droit ? Qui sont ces gens pour porter des accusations telles ? Ce n'est pas joli, joli. Moi, ma préoccupation, c'est que les parents ont pu se recueillir, finalement. Voilà, c'est ça le plus important pour moi", estime-t-elle.

Sadia vit aujourd'hui dans sa maison au cœur du village. Elle n'a eu aucun contact avec la famille du petit Émile. Elle continue toujours à partir une à deux fois par semaine, parcourir les sentiers dans la montagne, mais désormais sans la crainte d'une macabre découverte.

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