C'était un mercredi ensoleillé. Le brigadier Eric Masson et quatre de ses collègues du groupement départemental d'intervention, le GDI, reviennent d'une opération anti-stup à Carpentras. Ils sont détournés vers le centre-ville d'Avignon où une rixe aurait lieu. Arrivés sur place, plus rien à signaler. C'est alors qu'ils décident de rester patrouiller pour surveiller un point de deal actif dans le secteur. C'est là qu'Eric Masson et un de ses collègues assistent à une transaction. Ils décident de suivre l'acheteuse d'une barrette de shit, rue du Rateau. Il est 18h45. Ils sont habillés en civil et ne portent pas de gilet pare-balle. C'est là que deux jeunes arrivent. L'un d'eux les interpelle : "Vous faites quoi les gars, vous charbonnez ? Eric Masson se rapproche mais il n'a pas le temps de réagir, le jeune sort de sa sacoche un révolver et tire quasiment à bout portant. Eric Masson s'écroule, une balle dans le cœur et une dans l'abdomen. Les deux voyous s'enfuient à trottinette. Le tireur fait à nouveau feu sur le collègue d'Eric Masson qui lui crie qu'ils sont de la police et riposte à deux reprises.
Il est mort sur ce bout de trottoir. C'est une image qui ne me quittera jamais
Tom, un collègue de la Bac qui a effectué le massage cardiaque
Tom est policier à la BAC d'Avignon et au moment du drame, il se trouve à proximité lorsqu'il entend dans sa radio "collègue au sol, collègue touché". "Là, explique-t-il, ça va très très vite, on lui fait un massage cardiaque, on a systématiquement un collègue qui lui tient le visage et on lui parle, on n'arrête pas de lui parler car en fait, on ne réalise pas ce qu'il se passe, on ne veut pas y croire. Il est mort sur ce bout de trottoir, on était tous autour. C'est une image qui ne me quitte pas depuis bientôt trois ans, qui ne quitte pas non plus mes collègues, qui d'ailleurs ne quitte personne. Je pense qu'elle ne me quittera pas jusqu'à la fin. Il n'y a pas une journée où je n'y pense pas".
Quatre jours plus tard, le dimanche, trois personnes sont interpellées au péage de Remoulins sur l'A9 direction l'Espagne. Et parmi elles, le présumé meurtrier, Ilias Akoudad, 19 ans à l'époque, et son complice. Pendant 3 jours, ils se sont terrés dans une cave d'immeuble avant de s'enfuir. Ilias Akoudad, un petit voyou sans envergure, tombé jeune dans la délinquance avec 6 condamnations principalement pour détention de stupéfiants et violences. Et aujourd'hui, âgé de 22 ans, il réfute depuis le début toute implication dans le meurtre d'Eric Masson.
Son avocat, Frank Berton, ténor du barreau de Lille, n'a pas souhaité s'exprimer avant le procès. Il aura la lourde tâche de le défendre. Car s'il nie toute participation à la fusillade, tout pourtant accable le jeune homme. D'abord, les témoins sur place le désignent comme le tireur. L'acheteuse, le collègue d'Eric Masson, y compris son complice, d'autres témoins aussi qui le voient s'enfuir et qui reconnaissent sa chevelure peroxydée. Et puis sa téléphonie confirme qu'il a passé toute l'après-midi dans le secteur. Par ailleurs, les expertises des résidus de tirs sur ses vêtements démontrent qu'ils ont une composition similaire avec ceux relevés sur une douille retrouvée sur place. D'ailleurs, pour maître Sabine Gony-Massu, l'avocate d'Emilie, la femme d'Eric Masson, la responsabilité du principal suspect ne fait aucun doute malgré ses dénégations : "C'est un dossier qui tient la route, résume-t-elle, donc je n'ai pas d'inquiétude particulière sur la culpabilité".
C'est une question déterminante et elle sera l'autre enjeu de ce procès. Selon Romain son collègue, Eric Masson crie police à deux reprises avant les tirs. L'acheteuse, elle, n'est pas certaine. Le complice explique lui que les deux policiers n'avaient aucun signe distinctif. Ils sont habillés en civil, ne portent pas de gilet pare-balle, et il semblerait qu'Eric Masson tenait son brassard police à la main. Il affirme en garde à vue qu'en aucun cas, on n'aurait pu savoir que c'étaient des policiers. Malgré tout, Ilias Akoudad sera bien jugé pour homicide sur personne dépositaire de l'autorité publique, pour le meurtre d'Eric Masson et pour tentative de meurtre visant son collègue Romain. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.
Ayoub Abdi, 23 ans, qui accompagnait le tireur le jour des faits et a fui avec lui, et Ismaël Boujti, 24 ans, qui leur avait prêté sa cave, qui servait d'épicerie clandestine, seront également jugés à partir de ce lundi 19 février, pour soustraction d'un criminel à l'arrestation ou aux recherches.
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