Prélèvements sur les gains des dealers, mais aussi sur leurs marchandises, vols de cigarettes de contrebande saisies sur les revendeurs à la sauvette : 18 anciens policiers de la brigade anti-criminalité (BAC) Nord de Marseille comparaissent à partir de lundi 12 avril devant le tribunal correctionnel, neuf ans après les accusations de deux anciens de cette unité.
L'instruction, conclue en juin 2019, a révélé "la réalisation systématisée d'infractions pénales (...) chaque opération devenant en réalité prétexte soit à l'attribution de produits en vue d'une éventuelle rémunération d'informateurs officieux, soit à un enrichissement personnel".
Sur écoutes sur leurs téléphones ou surveillés dans leurs bureaux et leurs voitures, "sonorisés" de mai à octobre 2012, certains policiers se laissent aller : "On commence à avoir un bon petit groupe, où on sait qu'on ferme nos gueules. Ce qui se dit dans la voiture, ça reste dans la voiture", lâche l'un d'eux.
Il y a aussi cette sacoche contenant "plus de 2.500 euros", volée à un dealer de la cité des Rosiers, qui permet de "régaler cinq collègues". Cette perquisition illégale, "à la mexicaine", dans un appartement, où quatre policiers échouent sur le fil à voler 2.000 euros de marchandise. Ce "gitan", selon leurs mots, à qui ils "piquent un peu de pognon", "ça c'était marrant !" Ou encore cet homme contraint de remettre les cigarettes qu'il comptait vendre : "Il est dépité parce que j'ai bouffé son bénéfice !", raille l'un d'eux.
Une seule victime devrait être là lundi 12 avril. Interpellé le 31 août 2012, cité Fontvert, à bord d'une Audi A3, en possession de cocaïne, de haschich et de milliers d'euros en petites coupures, Karim Menacer est emmené à la brigade des stupéfiants. Quand l'argent est compté, il y a 27.000 euros. Loin des 36.000 euros qu'il aurait détenus lors de son arrestation.
Revenant sur leurs propos enregistrés, les prévenus parlent aujourd'hui de "plaisanteries", "de gros délires", de "propos humoristiques". Et s'ils n'ont pas toujours respecté les procédures, c'est sous la pression de la politique du chiffre de leur hiérarchie, ou pour rémunérer des "indics", se défendent-ils.
"Ce dossier, c'est la montagne qui accouche d'une souris, la baudruche va se dégonfler", a assuré auprès de l'AFP Me Frédéric Monneret, avocat de deux policiers, en rappelant qu'au cours de l'instruction ont été abandonnées la circonstance aggravante de "bande organisée" ainsi que les poursuites pour "violences volontaires".
Parmi les 18 prévenus, qui comparaîtront tous libres, trois ont été révoqués après l'enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), dont M. Carrasco. Les autres ont écopé d'exclusions temporaires ou de blâmes.
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