Mark Van Nierop, le "dentiste de l'horreur" : que sont devenus ses patients ?

Les surnoms ne manquent pas pour désigner le Hollandais Mark Van Nierop : le dentiste de l'horreur, le boucher de la Nièvre ou encore Mark L'Édenteur, référence limpide à Jack L'Éventreur. Entre 2008 et 2012, au moins 2.800 patients sont passés sur le fauteuil de ce dentiste ayant pignon sur rue à Château-Chinon. Pour plus d'une centaine, les consultations ont tourné au carnage. Dents saines arrachées sans raison, mâchoires disloquées, gencives percées, abcès purulents et douleurs qui ne s'éteignent pas.

L'enquête va s'orienter sur ce Van Nierop et découvrir son parcours tout aussi sombre que fantasque. Escroc, mégalomane, cynique… Ce personnage déroutant va même finir par s'accuser de la mort de sa première épouse. On pourrait le croire dérangé mais il n'en est rien. 

En 2016, Mark Van Nierop est condamné à huit ans de prison en correctionnelle. Transféré dans une prison néerlandaise en 2017, il est apte en 2023 à une libération conditionnelle. Après sa condamnation, il n'a plus jamais fait parler de lui. Avant le procès, l'avocate de Van Nierop assurait que ce dernier n'était en rien le personnage horrible que certains ont décrit. Un expert psychologue affirmait de son côté que le dentiste savait pertinemment qu'il allait créer une souffrance qu'il refuserait de soulager ensuite.

Je ne lui pardonnerai jamais de nous avoir détruits

Nicole Martin, victime de Mark Van Nierop

"Être reconnue victime est déjà le début de la cicatrisation", décrit Nicole Martin, victime de Mark Van Nierop. "C'est déjà un grand pas, mais même dix ans après les souffrances sont les mêmes. Je pense que je ne suis pas la seule à éprouver toujours autant de haine. Je ne lui pardonnerai jamais de nous avoir détruits moralement, psychologiquement et physiquement".

Les victimes avaient longtemps redouté de ne percevoir aucune indemnisation dans cette affaire, le dentiste affirmant qu'il était insolvable. Les indemnisations ont pourtant été versées, 5.000 à 40.000 euros.

"Ça n'a pas été simple. Comme il n'était pas médecin, il ne pouvait pas être assuré. Et comme il avait menti à son assurance, en essayant de faire croire qu'il était dentiste, l'assurance a refusé d'indemniser. La justice a mis hors de cause son assurance", explique Me Charles-Joseph Oudin, avocat des victimes. La seule solution qu'on ait eu était de se retourner vers des mécanismes assez complexes qui s'appellent la CIVI, qui permet de faire payer un fonds de garantie".

Les invités de "L'Heure du Crime"

- Bertrand Yvernault, chroniqueur judiciaire au Journal du Centre et auteur du livre Le Dentiste du Morvan. Un fait divers glaçant sur fond de désert médical, aux éditions De Borée
- Nicole Martin, victime de Mark Van Nierop et présidente du "collectif dentaire".
- Me Charles-Joseph Oudin, avocat des victimes.