Magalie Part : 24 ans après sa mort, le pôle des cold cases de Nanterre peut-il retrouver le meurtrier ?

Lundi 26 mars 2001, Magalie Part, 19 ans, partie se promener avec son rottweiler, n'est jamais rentrée chez elle, à Ornex, un village de l'Ain. Son époux, Geoffrey Part, 23 ans, alerte alors la gendarmerie en début de soirée. Malheureusement, la jeune mariée est retrouvée morte au lendemain, le visage et le buste carbonisé, à une trentaine de kilomètres de son lieu d'habitation, par un promeneur. Le légiste dénombre quatorze fractures. Elle n'a pas été tuée et brûlée ici, son corps s'est consumé dans une baignoire ou une cuve. 

"On a aussi retrouvé un mégot à proximité de son corps. On peut imaginer qu'après avoir été tuée, Magalie a été enveloppée dans un tapis car on sait par l'enquête que le tapis du salon de l'appartement de Magalie et Geoffrey a curieusement disparu, rapporte Me Georges Rimondi, avocat de la famille de Magalie Part. Et si le tapis a servi d'enveloppe, on peut imaginer qu'il y avait à l'intérieur ce mégot, lequel a pu tomber lorsqu'on a jeté le corps à l'endroit où on l'a retrouvé. C'est comme ça que j'explique les choses sachant qu'on sait que Magalie ne fumait pas cette cigarette de marque "Marocaine", qu'on ne trouve pas en France, mais uniquement en Suisse."

Dans les trois années qui suivent le crime, plus d'une douzaine d'hommes sont entendus : des marginaux, un obsédé sexuel, un violeur franco-suisse multirécidiviste ou encore un collègue qui avait évoqué la mort de Magalie Part alors que le décès n'était pas encore annoncé. Si aucune charge n'est retenue contre lui, Me Georges Rimondi, invité de L'Heure du crime, s'étonne de l'absence de certaines vérifications.

"On aurait dû vérifier et expertiser les tapis de coffres des voitures. Maintenant, c'est beaucoup trop tard, les voitures ont été vendues ou détruites. Ce sont des manquements, remarque-t-il. Quand on a retrouvé le petit chien, on n'a fait aucune expertise sur lui. On l'a retrouvé parfaitement propre deux jours après le meurtre de Magalie alors que le climat était exécrable. Il y avait de la pluie, de la boue donc si ce chien avait été errant, il aurait été plein de boue. Or, non seulement on l'a retrouvé très propre, mais en plus il sentait encore le parfum de Magalie. Donc ce chien a été porté. Il aurait dû être examiné et ça n'a pas été fait."

Un beau-père suspect

Les enquêteurs s'intéressent au beau-père, Patrick Part, qui travaille en Suisse et pour qui les rapports avec son fils sont tendus. Des témoins qui connaissent la famille indiquent que les relations de l'homme avec sa belle-fille étaient bonnes, voire ambiguës. Il aurait ainsi souvent accompagné Magalie faire des achats, il lui aurait offert de la lingerie, lui faisait parfois couler des bains... L'emploi du temps de Patrick Part, le jour de la disparition de Magalie, reste flou. D'autant plus que son téléphone a borné à 23h23 dans le secteur où le corps a été découvert. Mais rien de concret n'émerge.

Mardi 28 mars 2006, Geoffrey Part, 28 ans, époux de Magalie Part, est en garde à vue. Il dément avoir été violent avec son épouse. À propos des doutes qu'il a sur son père, Geoffrey déclare : "Le scénario que je me fais, c'est que mon père s'est montré entreprenant avec Meg et que cela a dégénéré. Ils se sont disputés. Il a pu porter un coup à Magalie. Il a pris peur, il a maquillé son acte". Interrogé, le beau-père ne s'explique pas l'activation de son téléphone dans le secteur où le corps a été retrouvé. Il maintient qu'il était à Genève. Le père et le fils sont donc libérés.

Samedi 15 septembre 2018, dix-sept ans après le crime, Geoffrey Part, 40 ans, ex-mari de Magalie est retrouvé pendu chez lui dans le village de Saint-Jean-de-Gonville, en pays de Gex. Il avait refait sa vie et était père de quatre enfants. "Il a laissé un mot de désespoir, mais malheureusement rien qui soit de nature à faire avancer l'enquête", déplore Me Georges Rimondi, avocat de la famille de Magalie. 

Depuis 2024, le pôle judiciaire des cold cases à Nanterre s'est emparé de l'affaire. Aujourd'hui, l'espoir de démasquer le coupable repose sur cet ADN masculin inconnu découvert sur le fameux mégot.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Me Georges Rimondi, avocat à Thonon-les-Bains, avocat de la famille de Magalie Part.
- Éric Bertrand, père de Magalie Part.

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