Lundi 12 mars 1956, aux alentours de 18h30, un homme, petit et trapu, vient frapper à la porte de la gendarmerie de Royat, une commune limitrophe de Clermont-Ferrand. La gendarmerie est fermée, l'homme pénètre alors dans la mairie où il tombe sur le secrétaire général. Il dit s'appeler Alfred Lindecker et habite dans le haut du village. Il raconte qu'il vient de trouver son épouse chez lui, effondrée dans une mare de sang. Il ne sait pas vraiment si elle morte et parle d'un possible suicide.
Une demi-heure plus tard, le médecin est sur les lieux avec trois policiers. Janine Lindecker, 34 ans, est allongée sur le dos, la tête ensanglantée. Le médecin a rapidement constaté le décès. Une blessure est visible sous le sein gauche, un orifice causé par une balle. En relevant les cheveux, le docteur a noté qu'une autre balle est entrée par la tempe puis est ressortie. Le décès remonterait autour de 15h00.
Les policiers ont la surprise de découvrir le revolver qui a donné la mort, posé sur le buffet de la cuisine. Alfred Lindecker indique qu'il a lui-même ramassé l'arme qui lui appartient afin d'éviter que l'un des chats de la maison joue avec. Le mari précise qu'il a découvert le corps au retour de son travail. Selon lui, la maison ne portait aucune trace d'effraction. Lindecker insiste d'emblée, il ne s'agit pas selon lui d'une agression mais d'un suicide. Affirmation qui laisse pour le moins perplexes les policiers.
Comment Janine Lindecker aurait-elle pu mettre fin à ses jours en se tirant deux balles à deux endroits distincts, à des distances différentes ? De plus, l'examen du barillet du revolver indique que ce sont, non pas deux balles qui ont été tirées, mais trois. L'un des projectiles a sans doute raté sa cible.
En le recherchant sous un buffet, un policier fait là une étonnante découverte. Il met la main sur une combinaison roulée en boule et maculée de sang. Il porte la trace du coup de feu sous le sein gauche.
Si elle s'est suicidée, Janine Lindecker se serait donc dévêtue après se tirer une première balle. Elle se serait achevée en visant cette fois la tête. La troisième balle ne l'aurait pas touché. Plutôt improbable.
Interrogé sur cette journée, Alfred Lindecker, homme réglé comme du papier à musique, se souvient de tout. Lors de la pause de midi, il raconte s'être légèrement disputé avec son épouse, mais rien de grave. En rentrant le soir chez lui, c'est là qu'il a aperçu le corps de sa femme. Il répète une nouvelle fois : "Ma première impression c'est qu'elle s'était suicidée".
- Joseph Vebret, écrivain journaliste et auteur du livre Les secrets d’Alfred Lindecker aux éditions De Borée
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