C'est un témoignage mettant gravement en cause Nordahl Lelandais, que son avocat veut faire disparaître du dossier Maëlys avant que son client ne soit renvoyé devant la cour d'assises de l'Isère.
Selon nos informations, Maitre Alain Jakubowicz, l'avocat de l'ancien militaire, va demander aujourd'hui aux magistrats de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble d'annuler les déclarations d'un ex-codétenu de Nordahl Lelandais qui a affirmé devant les juges que ce dernier lui avait avoué avoir violé la petite Maëlys. Ce que nie Lelandais, mis en examen pour le meurtre de la fillette en août 2017, depuis le début de l'affaire.
Avec cette requête en annulation, Maitre Jakubowicz, qui n’a pas souhaité s’exprimer, va donc tenter d’alléger les charges qui pèsent sur son client. Car ce témoignage, s'il était retenu par la justice, aggraverait sérieusement le cas de Nordahl Lelandais et pourrait avoir des effets dévastateurs sur les jurés lors du procès.
Fin 2018, le codétenu de Nordahl Lelandais alerte l'administration pénitentiaire. Il a des révélations à faire après avoir reçu, à la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), des confidences glaçantes de l'ancien militaire. Les juges instruisant l'affaire Maëlys sont informés. Ils décident d'entendre ce détenu.
L'homme leur affirme que Lelandais lui a avoué avoir violé Maëlys, avant de la frapper à mort pour l'empêcher de se débattre. Un scénario bien différent de celui donné par Lelandais au début de l'affaire, où il était question d'une mort "accidentelle", suite à une gifle donnée à la fillette, apeurée dans la voiture, pour la faire taire.
Nordahl Lelandais aurait donné au codétenu de nombreux détails sur l'agression sexuelle qu'il aurait commise sur la petite fille de 9 ans. Les juges prennent ce témoignage très au sérieux. Car ce codétenu n'a rien à gagner dans l'histoire. Il est libérable en avril 2019. Il ne témoigne donc pas pour obtenir une remise de peine. "Je ne pouvais pas garder ça pour moi ", justifie le codétenu.
"Cette demande d'annulation par la défense du témoignage de ce détenu représente un enjeu très important pour Nordahl Lelandais » explique Maître Yves Crespin, avocat de " L'enfant bleu" et de « la voix de l'enfant", partie civile dans ce dossier.
Si Lelandais est renvoyé devant la cour d'assises pour « meurtre », avec la circonstance aggravante de « viol sur mineur de 15 ans », il encourrait une peine beaucoup plus lourde. La réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sureté illimitée, c'est à dire une perpétuité réelle. En revanche, si le témoignage du détenu est annulé, il sera sorti du dossier. On ne pourra plus l'évoquer. C'est comme s'il n'avait jamais existé.