Karine Esquivillon : que racontait Michel Pialle aux médias avant ses aveux

Il est passé du statut de mari inquiet avec des questions à celui du principal suspect avec les réponses. Michel Pialle est l'homme au cœur de la disparition de Karine Esquivillon, son épouse. Une mère de famille qui a disparu en Vendée il y a plusieurs mois, sans explication apparente. Où était Karine Esquivillon ? Ses enfants, les enquêteurs, la justice, ses proches, son ex-mari et son mari actuel se posaient tous la question.

Ce dernier, qui a avoué dans la nuit du 15 au 16 juin, en garde à vue, ce qu'il était advenu de la mère de famille, avait même accueilli les caméras de télévision pour raconter sa vérité. Une fable, manifestement. Le 20 mai, il était interviewé par nos confrères de BFMTV. "Quand elle est partie, racontait-il, pour moi ce n'était pas possible. C'est pour ça que j'étais persuadé qu'elle allait revenir..."

"Il n'y a personne qui l'a forcée [à partir], parce que j'aurais entendu crier, puis elle a pris des affaires qui étaient dans différents endroits dans la maison. Quelqu'un qui la force, c'était impossible de venir dans la maison en 10 minutes sans que j'entende, c'est impossible", expliquait-il en dépeignant le scénario d'un départ volontaire de son épouse. 

"Elle est partie volontairement, oui. Ça, c'est certain, assurait-il. Par contre, ce qu'il s'est passé après, c'est l'inconnu total. Elle est partie avec une certaine somme d'argent, que je ne donnerai pas. Elle est partie avec des habits, des affaires de toilette, avec du maquillage.. Je me suis rendu compte, après, qu'elle était partie avec le livret de famille quand j'ai mandaté la RPD (recherche de personnes disparues)", continue-t-il.

"Un enlèvement, ce n'est pas possible parce qu'elle est partie d'elle-même", poursuit Michel Pialle, qui se positionnait alors comme un mari abandonné. Elle avait préparé ses affaires, elle avait préparé les choses. Elle n'a pas pu tout prendre parce que y'avait l'histoire du chat, mais sans le chat, elle aurait pris plus d'affaires. Le chat, en fin de compte, c'est anodin". Michel Pialle avait alors expliqué aux journalistes qu'il cherchait ce fameux chat dans le jardin lorsque Karine Esquivillon a disparu. 

Le chat et l'alibi

"Tout le monde en fait un plat du chat que je cherchais dans le jardin, comme quoi c'est un alibi, se justifiait-il. Mais de toute façon, je serais parti, que de toute façon, quoi qu'il arrive, à 16h20 ou 30 j'allais chercher mes enfants qui finissent au collège. Ç'a duré 10 minutes à peine. Je suis re-rentré par le garage, j'ai fermé la porte du garage. Je rentre par ici, continue-t-il en montrant un coin de la pièce dans laquelle il donnait son interview. J'appelle Karine en lui disant : 'Appelle le collège, peut-être que j'aurai deux minutes de retard'. J'ai pas de réponse. Je fais le tour de la maison. Je me dis : 'Qu'est-ce qu'il se passe ? Ce n'est pas normal. Elle est où ?'".

Michel Pialle donne alors aux journalistes de BFMTV le détail des derniers messages qu'il explique avoir reçu de sa femme. "Et je reçois un SMS à 16h43 précises comme quoi elle 'en avait marre de vivre à deux', mais 'pas en couple', donc 'je vais chercher quelque chose et je reviens vers toi pour les enfants'".

"Pour moi, quand elle est partie, ce n'était pas possible, répétait-il. J'étais persuadé qu'elle allait revenir. Par contre, quand j'ai appris pour les devoirs qu'elle avait lâché effectivement Jules, qu'elle avait lâché plusieurs choses... Il y avait des choses où elle était moins présente, sa tête était ailleurs... décrit-il. Je me dis que bon : ce n'est peut-être pas impossible. Ce n'est plus impossible. La preuve en est, c'est qu'elle n'est pas là. 

Pendant plusieurs semaines, les proches de Karine, sa soeur, ses amis et son ex-mari vont eux aussi offrir leurs témoignages aux médias. Tous vont dire leurs doutes quant à la version avancée par Michel Pialle. La dévotion de Karine Esquivillon envers ses enfants rendait, selon eux, la thèse du départ volontaire particulièrement improbable. 

Une mort accidentelle ?

Plusieurs semaines après cette interview, le mari de Karine Esquivillon, est passé aux aveux et a indiqué aux enquêteurs la localisation du corps de son épouse, retrouvé peu après.

 
"Je confirme que M. Pialle a reconnu" les faits et "indiqué aux enquêteurs où se trouve le corps", a précisé la procureure de la République de La Roche-sur-Yon Emmanuelle Lepissier. "Monsieur Pialle a fait le choix de s'expliquer", a indiqué son avocat, Me Antoine Ory, qui s'est rendu au palais de justice de La Roche-sur-Yon dans la matinée pour rejoindre son client, après son déferrement vers 8h30 le 16 juin.

Quelques heures plus tôt, en fin de garde à vue, le mari a fini par dire aux enquêteurs avoir tué son épouse accidentellement en manipulant une arme, selon une source proche de l'enquête, confirmant une information du Parisien. Les gendarmes se sont alors rapidement rendus sur le lieu indiqué par Michel Pialle, un bois situé à quelques kilomètres du domicile du couple, où ils ont découvert le corps de Karine Esquivillon. Vers 9h30, trois véhicules de gendarmerie, ainsi qu'un fourgon blanc de l'identification criminelle, ont quitté le chemin de terre menant à cet endroit, a constaté un photographe de l'AFP.

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