Isère : les points de deal de la ville de Fontaine occupés par le maire et ses élus

Le maire Franck Longo (MoDem) arrive avec son écharpe tricolore sur la place Louis Maisonnat, point de deal bien connu de la ville de Fontaine en Isère pour l'occuper. Il est accompagné par des policiers et les dealers ont subitement disparu. Une opération coup de poing va durer 10 jours dont l'objectif est très clair : faire fuir les dealers et les consommateurs qui créent une grande insécurité.

"Je vais être là tous les jours pendant plusieurs heures avec mes élus pour occuper les points de deal. On veut vraiment virer les dealers, virer les consommateurs de drogue", déclare l'élu pour qui la situation n'est plus tolérable. "Moi, je reçois des gens, des habitants qui viennent me voir, qui me parlent de leur détresse, qui me disent 'moi, je n'ai pas pu inscrire mon enfant à tel sport parce qu'il rentre trop tard et j'ai trop peur qu'il rentre tard dans mon quartier à cause des dealers'. Donc ça, ça m'est insupportable et ça, ce n'est pas possible, il faut qu'on puisse vraiment se réapproprier les lieux", affirme-t-il.

"Ce sont les habitants qui sont chez eux, ce sont les commerçants qui sont chez eux et ce sont les élus qui sont chez eux, ce ne sont pas les dealers. Donc aujourd'hui, on va mettre les dealers dehors", martèle le maire de la commune.

Que pensent les habitants de cette initiative ?

Face à cette occupation citoyenne, les avis sont clairement partagés. Jérémy, 30 ans, est prêt à descendre dans la rue aux côtés du maire. "Je serai prêt effectivement à m'impliquer de mon côté. C'est une excellente initiative déjà pour redonner de la vie au quartier parce qu'on ne va pas se mentir, il y a de moins en moins de commerces qui sont ouverts. Les gens ont peur de sortir, les gens ont peur de venir dans la rue et de venir sur la place", explique-t-il. 

"Les fusillades, j'ai été aux premières loges. J'ai tout vu depuis ma fenêtre", raconte-t-il. "Cette initiative est vraiment excellente parce qu'elle va peut-être permettre de redonner une nouvelle vie à la place". 

D'autres Fontainois sont plus que sceptiques. "Non, je ne serai pas sur le terrain parce que j'ai agi sur le terrain et on m'a cassé toutes les vitres de ma voiture, on m'a menacé. Parce qu'on a peur, j'ai peur pour ma femme, j'ai peur pour mes enfants, j'ai même peur pour moi-même. Je n'ai plus 20 ans, attendez, ce n'est pas à moi de remplacer l'État", défend un riverain.

"Les gens vont être tranquilles pendant une dizaine de jours, mais après, les dealers reviendront. Ils vont se réinstaller", prévient un autre.

Une initiative saluée par la police

Le patron départemental de la police, Jérôme Chappa, salue cette initiative citoyenne et promet une présence policière importante à l'issue de cette opération. "Nous continuerons à être présents avec les forces de police nationales, avec la police municipale et avec les CRS qui sont régulièrement déployés sur le territoire. La pression ne s'arrêtera pas et c'est une opération qui s'inscrit dans la durée", assure-t-il. 

Le maire de Fontaine, Franck Longo, espère lui que son initiative provoquera un déclic parmi la population. "C'est le vrai enjeu de cette expérimentation, c'est de trouver des solutions qui puissent durer sur qu'est-ce qu'on met en place effectivement à partir du 11ᵉ jour dans les semaines et les mois qui arrivent pour que ça puisse durer. Et c'est pour ça que je fais appel aux habitants parce que d'habitude ce sont des dispositifs exclusivement police. On fait appel aux commerçants, aux habitants, ça ne peut durer qu'avec des gens qui s'investissent en proximité", déclare l'élu. 

Après le départ du maire, la présence policière place Louis Maisonnat a dissuadé les dealers de reprendre leur activité.