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INVITÉE RTL - Violences sexuelles dans l'Église : comment fonctionne la réparation accordée aux victimes ?
La présidente de l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation évoque la manière dont est abordé l'accompagnement des victimes.
"Ça fait un peu mal à l'Église, et c'est important que ça fasse un peu mal". Francis a été victime d'un prêtre lorsqu'il chantait au sein du chœur de Notre-Dame de Paris, il y a maintenant 60 ans. Il fait aujourd'hui partie des 527 premières personnes qui ont obtenu une réparation financière de l'Église. D'autres vont suivre au fil du travail de longue haleine réalisé par une instance indépendance, dont la création avait été demandée par les évêques de France.
Cette instance, appelée "Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation" (INIRR), présidée par Marie Derain de Vaucresson, a versé plus de 18 millions d'euros à ces 527 premières victimes reconnues. "On ne parle pas de préjudice ou d'indemnisation, mais de réparation financière, précise la présidente de l'INIRR sur RTL. Cette démarche a une portée symbolique, tout en ayant une certaine consistance. Elle s'inscrit dans quelque chose de plus vaste qui est de l'ordre des démarches restauratives, qui conduise les victimes vers un chemin d'apaisement".
Cette réparation varie en fonction des cas. "Nous avons construit un système à partir d'expériences qui ont existé dans d'autres pays, explique Marie Derain de Vaucresson. Il consiste à regarder ce qu'il s'est passé au niveau des faits, mais aussi de la réaction de l'Église (il peut y avoir manquement) et tout au long de la vie des personnes, les conséquences dans leur vie (professionnelles, sociales, relationnelles, psychologiques, somatiques, etc.)."
1.400 personnes en tout se sont adressées à l'Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation
Marie Derain de Vaucresson, présidente de l'INIRR sur RTL
Pour l'heure, 527 personnes ont perçu une réparation financière. Mais des dossiers restent à traiter quand d'autres ne se sont pas manifestées. Des décennies sont parfois nécessaires pour identifier ce que l'on a vécu et le courage de s'en saisir.
"Il y a les personnes qui se sont manifestées, plus de 500 aujourd'hui, 1.400 personnes en tout se sont adressées à l'INIRR, explique sa présidente. Et il y a les personnes qui ne sont pas en capacité de parler, certaines ne le souhaitent pas et il ne faut pas nécessairement aller les chercher". Dans cette démarche, l'important est également de ne pas réactiver des souffrances.
La démarche restaurative initiée par l'INIRR consiste précisément à travailler directement avec chacun, en fonction de ce qu'elles souhaitent. Parfois, il s'agit d'une "médiation" à destination des enfants, pour leur annoncer ce que la victime a traversé, ou avec des personnalités représentant l'Église, "et il y a des choses plus originales que nous construisons", en accompagnant, par exemple, un homme victime d'un prêtre près de Notre-Dame de Paris sur le chantier de la cathédrale.
