Pédophilie dans l'Église : le retrait des vitraux du prêtre Louis Ribes, une victoire pour les victimes

Moment fort près de Lyon, à Sainte-Catherine, petite commune de 900 habitants : le retrait des vitraux, peints par celui que l'on surnommait "le Picasso des églises", le père Louis Ribes, décédé en 1994. Un prêtre pédophile, responsable de dizaines de viols sur mineurs, filles et garçons.

Ce retrait de plusieurs vitraux est un évènement très attendu pour les victimes. Elles devraient être une poignée, à assister à la dépose d'une demi-douzaine d'entre eux, sur les dizaines et même sans doute centaines d'enfants martyrisés par le prêtre dans les années 70-80. 

Luc Gemet est l'une des victimes. C'est lui qui a dénoncé ce scandale, il y a 2 ans, et il sera évidemment présent : "Déposer ces vitraux, ces tableaux, ces productions, pour nous ça fait partie de la reconnaissance et d'une partie de notre réparation", confie-t-il. "Moi j'aurais même aimé les détruire", ajoute Luc Gemet, qui affirme avoir déjà détruit les "quelques productions de Ribes" qu'il conservait chez lui. 

Pour lui, le retrait de ces œuvres était important, et pas uniquement à titre personnel : "Je pense quand même aux catholiques qui rentrent et prient devant nos viols… Ça me choque énormément de me dire que les gens ne savent pas devant quoi ils sont", ajoute-t-il.

Une "étape de vérité pour l'Église"

Cinq vitraux, de belle taille, trois mètres de haut, très colorés, ont déjà été retirés de l'église Sainte-Catherine, mais les victimes assisteront à une partie de l'opération, ce mardi après-midi, en présence du maire de la commune qui a donné son aval et de représentants du diocèse de Lyon. 

C'est essentiel que ce soit "public" selon Laurence Robert, sa déléguée générale. "C'est une possibilité de reconnaître ce que les victimes ont eu à traverser", explique-t-elle au micro de RTL. "C'est aussi une possibilité de réparer, même si ça sera toujours insuffisant", poursuit-elle, ajoutant qu'il s'agit également d'une étape de vérité pour l'Église", qui "se fait de façon publique". 

Et ces vitraux, comme les peintures, fresques et chemins de croix de Louis Ribes sont ou seront conservés sous scellés au diocèse. 

Les enfants violés, c'était l'énergie dont ce prêtre avait besoin pour ces créations

Luc Gemet, victime du père Louis Ribes

L'objectif étant de ne plus rien laisser à la vue de tous, car on ne peut pas dissocier l'œuvre de l'auteur. Tout est lié. En effet, comme l'explique Luc Gemet, c'est à l'occasion de ces séances de dessin et de peinture que le prêtre agressait sexuellement les enfants.

"On se déshabillait, il nous dessinait, et suivant l'âge et la façon dont il pouvait manipuler l'enfant, il lui demandait s'il pouvait venir voir le dessin, puis de monter sur ses genoux", se souvient Luc, qui explique que les "caresses" et les "viols" se produisaient à ce moment-là. Il indique avoir subi ces abus durant une partie de son enfance et de son adolescence : "Ça a commencé j'avais 8 ans, ça s'est fini j'avais 15 ans", confie-t-il encore. 

Et d'ajouter, à propos de la manipulation employée par le prêtre pour parvenir à ses fins : "J'étais croyant à l'époque, je croyais que Dieu voyait tout ça. Il réussissait à faire croire que c'était la façon que Dieu avait de nous prouver son amour". "Les enfants violés, c'était l'énergie dont ce prêtre avait besoin pour ces créations", conclut Luc. 

Au total, dans cinq églises de la région, les vitraux signés Louis Ribes vont être retirés, et remplacés par d'autres, le tout financé par le diocèse. Pour près de 40.000 euros à Sainte-Catherine. Seul un maire refuse de suivre le mouvement. Il s'agit de l'édile de Givors, que les victimes espèrent bien convaincre.