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Un panneau de la police nationale devant un bâtiment (illustration)
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L'homme soupçonné d'avoir tué Philippine, dont le corps a été retrouvé enterré dans le bois de Boulogne, avait déjà été condamné pour viol. L'information est connue depuis son arrestation le 24 septembre à la gare de Genève, en Suisse.
Ce Marocain de 22 ans, sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), avait été condamné en 2021 pour un viol commis deux ans plus tôt à Taverny, dans le Val-d'Oise, dans un bois.
Frédéric Lauze, l'ancien chef de la police du département, avait supervisé l'enquête. Ce jeudi 26 septembre, il est l'invité de RTL Midi. Il raconte avoir ressenti "de l'émotion, de l'étonnement, une empathie forte vis-à-vis de la victime, de la famille de la victime et vis-à-vis de la victime de 2019, et après, de la colère par rapport à tous les dysfonctionnements".
"Il s'est avéré qu'immédiatement, on avait affaire à un prédateur sexuel dangereux."
Frédéric Lauze sur RTL
On en sait peu sur le parcours de ce jeune homme, arrivé en France alors qu'il était mineur. Il venait d'arriver dans notre pays quand les faits ont été commis en 2019. "Il est arrivé en situation régulière avec un visa touristique et il s'est avéré être mineur, se souvient le policier, donc déjà ça pose un problème. Comment on arrive ? Avec qui ? Comment ? Un visa touristique ? Il s'est maintenu sur le territoire français, donc il était en situation irrégulière et a été pris en charge par les services sociaux et par la Croix-Rouge, comme mineur étranger isolé. Puis il s'est avéré qu'immédiatement, on avait affaire à un prédateur sexuel dangereux."
À l'époque, il avait déjà agi dans un bois. "C'était dans un espace boisé, on a une victime de 22-23 ans, une étudiante qui sort pour se balader ou aller faire une course et elle se trouve face à un homme qui de force l'attrape, la menace, elle est victime d'une agression et d'un viol", raconte-t-il.
Frédéric Lauze poursuit : "Suite à ça, elle comprend très vite qu'au moment où ce viol se termine, quelque part, il va falloir qu'elle sauve sa peau. Et là, elle fait preuve d'une résilience, d'un courage, d'un sang-froid assez extraordinaire. Elle a réussi à discuter et à faire retomber la pression, à avoir des failles psychologiques, à discuter avec son agresseur, ce qui fait qu'il y a eu un contact téléphonique qui a pu s'établir et tout de suite donner l'information à la police. Et très vite, on a pu l'interpeller."
Ce qui est étonnant, c'est le fait qu'on n'ait pas su, toutes les administrations, se coordonner, pour expulser dans son pays d'origine, ce prédateur sexuel.
Frédéric Lauze sur RTL
L'individu sera ensuite condamné. "L'affaire a été jugée, il a pris 7 ans, il en a fait 5, raconte le policier. Ce qui est surprenant et choquant, c'est cette série, cette concentration de dysfonctionnements qui aboutissent à l'assassinat ou le meurtre de Philippine et qui n'est pas dû simplement au hasard ou à un fait divers avec quelque chose de grave qui s'est passé. C'est le fait qu'on n'ait pas su, toutes les administrations, se coordonner, pour expulser dans son pays d'origine, le Maroc, ce prédateur sexuel."
À sa sortie de prison, l'homme a été placé en centre de rétention administrative en attente de son expulsion et que le laissez-passer consulaire du Maroc arrive quelques jours trop tard. Assigné à résidence, il n'a pas respecté l'obligation de pointer. Quand on retrouve sa trace, c'est déjà trop tard.
"On a des problèmes de laissez-passer consulaires et d'éloignement, confirme Frédéric Lauze. Ce n'est pas normal. On a un grand pays souverain, on fait rentrer de façon assez généreuse des gens chez nous, et en même temps, on a un taux d'éloignement qui est de 10 à 15%. Vous imaginez, quand vous avez 85% d'échecs, il y a quelque chose qui ne va pas, ça devrait être le contraire. On devrait avoir 80% d'éloignements réussis et 20% de problèmes".
Il y a des dysfonctionnements à répétition, au niveau diplomatique, et puis en amont, au niveau policier, au niveau justice, au niveau du Juge des libertés et de la détention, au niveau du pilotage opérationnel de ce type de dossier.
Frédéric Lauze sur RTL
Mais une question majeure se pose. "Il était inscrit au fichier des auteurs d'infractions sexuelles, le FIGESSE. Il avait une interdiction du territoire, pendant 5 ans, il était en prison, donc on aurait dû soigner juridiquement et en termes de logistique sa sortie vers le centre de rétention, le laissez-passer consulaire et l'expulsion. Il y a un manque de pilotage, ça n'a pas été anticipé, parce qu'il y a un éparpillement de compétences".
Le policier s'étonne de la manière dont le cas de cet homme a été abordé, compte tenu de son évidente dangerosité. "Il a violé une personne et en même temps, on vous dit, malgré tout, on ne renouvelle pas la détention et on le met dehors et on le met dans un hôtel payé par nos frais et on l'incite à pointer", dénonce-t-il.
"Vous avez, poursuit-il, quelqu'un qui est le summum de l'incivisme et on dit : 'On vous confie la charge de pointer un jour, de partir vous-même vers le Maroc'. On est d'une naïveté ou d'une folie, mais c'est insensé ! Il y a des dysfonctionnements à répétition, au niveau diplomatique, et puis en amont, au niveau policier, au niveau justice, au niveau du Juge des libertés et de la détention, au niveau du pilotage opérationnel de ce type de dossier".
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