"M'évader, ça ne sert à rien. Je vais revenir, et ça sera encore pire qu'avant". Projeté sur l'écran de la salle du tribunal administratif de Lille ce lundi 31 mars, Redoine Faïd, en pull rouge et jogging gris, n'a rien perdu de sa gouaille, et de son bagou.
Lors d'une intervention plus longue que celle de son avocat Benoît David, le détenu particulièrement signalé a développé ses arguments pour obtenir un allègement de ses conditions d'incarcération. "J'ai du mal à poser des mots sur ma souffrance, car je veux garder cette dignité", prévient-il à l'adresse du président, comme s'il voulait justifier l'absence de stigmates visibles de l'isolement.
Et pourtant, rappelle son avocat, les rapports psychologiques versés à son dossier sont alarmants. À tel point qu'une juge de l'application des peines avait décidé, en novembre dernier, de lever son isolement. Avant d'être contredite en appel.
À l'écouter, Redoine Faïd a changé. Il n'a pas fait appel de sa condamnation, prononcée en novembre 2023 à la suite de son évasion de la prison de Réau en juillet 2018. Parce qu'il sait qu'une condamnation définitive lui facilitera les aménagements de peine. "J'ai besoin de prendre mes proches dans mes bras, c'est mon droit le plus élémentaire", pose-t-il. Avertissant : "Je suis au bout du bout de ce que je pouvais supporter."
Il cite ces détenus du quartier d'isolement de Vendin-le-Vieil, l'une des prisons les plus sécurisées de France, choisie par Gérald Darmanin pour abriter les plus dangereux narcotrafiquants : ceux qui "s'ouvrent les veines", ceux qui tapissent leur cellule d'excréments, ceux qui "bloquent la promenade". Et lui, sous les yeux du directeur de la prison qui acquiesce, plaide être "malgré tout un détenu irréprochable".
"Qu'attend l'administration pénitentiaire ? Que celui-ci devienne vulgairement fou ?, questionne Me Benoît David, Que celui-ci s'ouvre les veines ?" La date de sortie prévue de Redoine Faïd est 2057, et d'ici là, il faut lui "donner de l'espoir", plaide-t-il.
En réponse, le directeur de Vendin-le-Vieil ainsi que la représentante de la direction interrégionale du Nord, parlent sécurité. "On ne méconnaît pas les effets de l'isolement, nuance cependant le directeur. On se pose certaines questions, sur un aménagement possible." Des réflexions qui ont subi un "coup de frein" avec la garde à vue de Faïd, en janvier 2025, pour deux projets d'évasion.
Une garde à vue qui n'a pas été suivie de mise en examen, ni même de présentation à un magistrat. "Des velléités d'évasion qui n'en sont pas, commente le détenu. Il y aura toujours des charlatans pour dire Faïd va s'évaser. La police fait son boulot, elle vérifie. Et il n'y a rien de rien." Et de conclure : "J'ai l'impression que vous ne ferez jamais un pas vers moi..." Le tribunal rendra sa décision sous dix jours.
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