Son nom revenait avec insistance depuis l’annonce début janvier par le Garde des sceaux de la mise en place dès le 1er mars du pôle spécialisé dans les affaires non-élucidées au sein du tribunal judiciaire de Nanterre. La candidature de la juge Sabine Khéris, proposée fin janvier par la Chancellerie pour mettre en place et piloter ce pôle inédit en France, a été confirmée par le Conseil supérieur de la Magistrature (CSM) dont l’avis est obligatoire pour les magistrats du siège, le ministère de la justice l’a confirmé à RTL ce matin.
Pour certains à l’exemple d’Eric Mouzin, dont la fille disparue le 9 janvier 2003 et jamais été retrouvée, ce choix était une évidence. Car c’est Sabine Khéris qui a réussi faire sortir le dossier de l’ornière après l’avoir repris l’enquête à partie de septembre 2019 et qui a fini par obtenir les aveux du tueur en série Michel Fourniret et se son ex-femme Monique Ollivier. Le couple de meurtiers a fini par reconnaitre progressivement l’enlèvement, le viol et le meurtre de la petite fille à parti de 2020. Depuis, l’ex doyenne des juges d’instruction de Paris a tout mis en œuvre pour retrouver le corps avec une ténacité reconnue par ses pairs. Dans le même dossier Fourniret, c’est elle aussi elle qui a fait avouer le couple en 2018 dans les dossiers des assassinats de Joanna Parrish et Marie-Angele Domèce alors que la justice avait d’abord ordonné un non-lieu en 2011 avant la réouverture de l’instruction.
Corinne Herrman avocate spécialisée depuis des années dans ces dossiers dit "cold case" et qui a milité pendant des années pour la création d’un pôle spécialisé, se félicite du choix de la Chancellerie : "Nous avons toute confiance dans les compétences de cette magistrat expérimenté et pleine d’humanité pour comprendre et traiter les problématiques des dossiers qui sont des affaires anciennes ou des tueurs en série, on espère qu’elle sera rejointe par de magistrats qui permettront de répondre à de nombreuses familles qui sont dans l’attente de réponse".
La nouvelle présidente du pôle cold case sera rejointe dans un premier temps par deux autres juges d’instruction qui ne sont pas encore nommés, trois greffiers et deux juristes assistants. Le premier travail sera de sélectionner les affaires les plus à même d’être traitées par le pôle et de proposer ensuite aux juridictions concernées de s’en désaisir. Le pôle cold case est en effet national mais n’a pas de compétence exclusive. Le Garde des sceaux Eric Dupônd-Moretti avait annoncé début janvier que la Chancellerie avait identifié à ce jour 173 affaires non élucidées anciennes et 68 procédures de crimes sériels qui pourraient avoir vocation à rejoindre le pôle.