Incendie de la rue Erlanger : "C'était le pire feu de ma vie", témoigne le responsable des pompiers

Une nuit cauchemardesque. Quatre ans après l'incendie qui a coûté la vie à dix personnes en 2019 dans un immeuble de huit étages de la rue Erlanger, dans le XVIe arrondissement à Paris, le procès de l'accusée se poursuit avec le témoignage des pompiers présents la nuit du drame. 

Ces déclarations sont particulièrement attendues par les familles endeuillées. Depuis cette nuit du 4 au 5 février 2019, les proches des victimes décédées cherchent à comprendre pourquoi et comment leurs proches n'ont pu être sauvés des flammes par les sapeurs-pompiers. 

L'audience s'est tenue ce vendredi 10 février. Profondément marqué par l'incendie, le lieutenant-colonel en charge de l'opération a pris la parole. Il a dit se souvenir que, très vite, il a su que ce serait impossible de sauver tout le monde. Arrivé sur les lieux, un véritable scénario catastrophe se tenait sous ses yeux, avec un vieil immeuble des années 1930, totalement encastré, et un vieil ascenseur grillagé qui fait monter le brasier à tous les étages. 

300 pompiers ont été mobilisés ce soir de février 2019, pour éteindre le brasier qui s'étendait du troisième jusqu'au huitième étage du bâtiment. Le sapeur-pompier professionnel raconte qu'il était alors impossible d'utiliser les échelles des camions et qu'il n'y avait aucun accès depuis la rue. Les soldats du feu se sont retrouvés contraints d'utiliser des échelles à crochets, un outil archaïque qu'il faut accrocher à un parapet et y grimper au prix de risques inouïs.

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L'opération aura duré deux interminables heures. Le responsable de l'opération s'est confié durant le procès sur son impression d'envoyer presque ses hommes à la mort. Les avocats des parties civiles sont par conséquent montés au front avec leurs questions au professionnel, notamment sur le déploiement d'un hélicoptère. Le pompier au costume bardé de décorations affiche près de 30 ans de carrière, et a semblé lui-même surpris par sa propre voix qui s'est brisé au moment de leur répondre. "C'était le pire feu de ma vie. Le moral a été atteint", leur a-t-il dit avec émotion. "Je m'en veux d'avoir laissé dix personnes au tapis, mais on a tout fait".