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Charlotte Regnault sur le plateau du 20.10
Crédit : M6
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Jeudi 2 octobre, le psychanalyste Gérard Miller a été mis en examen pour viols et agressions sexuelles commis sur six jeunes femmes. Quatre de ses victimes présumées étaient mineures au moment des faits.
Charlotte Regnault avait 15 ans lorsqu'elle a croisé sa route. C'était sur le plateau de l'émission On a tout essayé, de Laurent Ruquier. "Avec ma meilleure amie, on y est allées. L'émission s'est très bien passée. Et puis on a croisé le regard de Gérard Miller. Et là, c'était le départ d'une histoire un peu sordide", explique-t-elle.
La jeune fille se voit alors invitée dans la loge du psychanalyste. "La discussion s'est très vite portée sur mon oncle", poursuit-elle, précisant que les deux hommes ont étudié dans les mêmes écoles. Un lien qui la met en confiance. "Je n'ai aucune crainte, aucune méfiance. Aucune", lance-t-elle.
Mais très rapidement, le piège se referme sur elle. "Il m'a appelée pour me demander si j'étais d'accord pour déjeuner avec lui. Mes parents étaient au courant, il n'y avait aucun problème", assure la jeune femme, qui est invité à le rejoindre à son bureau. "Je me rends compte très vite que ce n'est pas tellement son bureau. Il s'avère que c'est chez lui", souffle-t-elle.
Je me dis à ce moment-là que je suis complètement piégée
Charlotte Regnault sur M6
Charlotte Regnault ne sait "pas trop ce [qu'elle] fait là". Après lui avoir servi un verre, le médecin lui propose de visiter sa maison. Si elle dit ne pas "comprendre l'intérêt", elle le suit au premier, dans une salle de cinéma. Et c'est là qu'elle commence à ne pas se sentir bien. "J'arrive dans cette salle. Mais je ne me vois pas en ressortir", explique-t-elle.
Elle ne réalise que plus tard qu'elle a fait un black-out et pense avoir été droguée. "Et quand je reprends mes esprits, je ne me trouve pas du tout dans la situation dans laquelle j'étais juste avant. Je me retrouve dans une pièce avec un lit sur lequel je suis. Je me sens coincée, car il se trouve au-dessus de moi. Je me dis à ce moment-là que je suis complètement piégée."
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L'adolescente se tétanise. Puis se crispe quand elle se rend compte qu'elle est dévêtue. "Il me masse. Il me touche. Il voit bien que je me redis complètement. Et il me chuchote à l'oreille que je suis tendue, que ça va bien se passer", raconte-t-elle. Elle tente alors de trouver une solution pour se sortir de cette situation.
Alors qu'elle ne voyait pas d'issue, qu'elle cherchait un subterfuge pour pouvoir partir, elle entend quelqu'un sonner à la porte. "Il m'a dit de l'attendre. J'ai sauté dans mes affaires. J'étais complètement terrorisée. Je voulais aller le plus vite possible pour pouvoir partir. Et, surtout, qu'il n'ait pas le temps de revenir", relate-t-elle.
Charlotte Regnault appelle sa mère. Très rapidement, elle lui donne l'adresse, lui dit qu'elle la rejoint, sans s'épancher. "J'ai eu le temps de descendre les escaliers. La personne était encore à la porte. Et là, il me demande pourquoi je m'en vais, qu'on devait manger ensemble. Je lui dis que je suis attendue. Il ne m'a absolument pas retenue", se souvient-elle.
Mais comme de nombreuses victimes, l'adolescente garde ça pour elle. "Je ne savais pas si je devais trouver ça grave ou si ça faisait partie de choses qui pouvaient arriver et que, malheureusement, c'était tombé sur moi. Mais je ne savais pas quoi faire", poursuit-elle.
J'ai envie de lui dire qu'il a bousillé des vies.
Charlotte Regnault sur M6
Cet épisode va la suivre longtemps. Et elle avoue avoir mis beaucoup de temps à refaire confiance. "Par exemple, je ne pouvais absolument pas dormir avec quelqu'un. Mes relations amoureuses étaient compliquées", poursuit Charlotte Regnault, qui se sait chanceuse d'être tombée "sur des hommes fabuleux" qui l'ont "beaucoup aidée". "Parce que ça a été un long chemin."
Un long chemin de 22 ans. Car ce n'est qu'à 37 ans qu'elle se rend compte que toutes les femmes n'ont pas vécu un tel calvaire. "Je pensais que c'était un passage obligé. Je pensais que c'était comme ça."
C'est en 2024, en regardant Quotidien, que Charlotte Regnault prend conscience de la chose. Ce soir-là, une femme témoigne. Elle raconte le public. La visite chez Gérard Miller. Le black-out. "Je suis très étonnée, car j'ai l'impression que ce sont mes mots", poursuit-elle.
Dans sa tête, "ça se mélange". Elle se sent même "un peu coupable de ne pas avoir pu porter plainte auparavant". "Parce qu'il y a quand même cette petite voix qui dit qu'éventuellement, s'il fait ça, c'est qu'il peut peut-être le refaire. Et donc, on s'en veut pas mal. Mais là, on se dit qu'on n'a plus le choix", relate la jeune femme.
Le psychanalyste Gérard Miller en garde à vue : une plaignante mineure au moment des faits témoigne sur RTL
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Charlotte Regnault porte finalement plainte en février 2024. "J'avais besoin, je crois, de dire vraiment les choses", même si ça a été "une épreuve". Désormais, une dernière épreuve l'attend : la confrontation. "J'ai envie de lui dire qu'il a bousillé des vies. À 15 ans, on est dans un autre monde. On voit quand même les choses d'une manière assez jolie. Et c'est vrai que cette violence, le fait que mon corps ne m'appartienne pas..." Elle se souvient alors de la personne qui, ce jour-là, a sonné à la porte et l'a sauvée. "Mais je sais que beaucoup de victimes ont quand même subi des choses encore plus graves. Et j'aimerais que ça cesse. J'aimerais lui dire qu'il a foutu en l'air beaucoup de vies", conclut-elle.
Fin janvier 2024, le psychanalyste avait d'abord contesté les premiers témoignages sur X. "Avec toutes les femmes, j'ai la conviction de n'avoir contraint personne, prenant au pied de la lettre tout embarras, tout refus et ce, tout particulièrement quand je m'engageais sur le chemin de la séduction", avait-il soutenu. Il réfutait également avoir pratiqué l'hypnose à son cabinet ou à son domicile, mais toujours en public.
Au moment de l'ouverture de l'enquête préliminaire, il avait indiqué à l'AFP être "certain de n'avoir commis aucune infraction" et se disait "prêt à répondre sur chacun des faits reprochés". En avril, dans un communiqué à l'AFP, il avait déploré ne pas pouvoir se "défendre", à quelques jours de la publication d'"un second livre" qui le "décrit de fait comme coupable".
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