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Harcèlement sexuel : pourquoi plus de 90% des plaintes sont classées sans suite

ÉCLAIRAGE - S'il est déjà difficile pour les victimes de porter plainte, elles se heurtent régulièrement au système judiciaire avec la grande majorité des plaintes classées sans suite.

Une femme active sur cinq a fait face à une situation de harcèlement sexuel au travail
Une femme active sur cinq a fait face à une situation de harcèlement sexuel au travail
Crédit : PURESTOCK/SIPA
Claire Gaveau
Claire Gaveau

Dans la rue, dans les transports, au travail... Sur les réseaux sociaux ou dans les médias, les témoignages se multiplient. Qu'elles soient des reines d'Hollywood, des actrices françaises réputées ou inconnues, de nombreuses femmes ont décidé de briser le silence pour dénoncer les harcèlements et les agressions sexuelles subies au cours de leur vie.

En France, cela se traduit notamment par l'émergence du hashtag #BalanceTonPorc qui ne cesse de trouver écho sur Twitter, mais aussi au niveau judiciaire. Selon le chiffre dévoilé par Le Parisien mardi 17 octobre, entre 1.000 et 1.200 plaintes sont déposées chaque année en France.

Pourtant, le taux de condamnation demeure extrêmement faible puisque seulement une cinquantaine de personnes ont été poursuivies. "L'écrasante majorité de ces procédures ne passe jamais le filtre du parquet, qui classe sans suite 93% des plaintes", écrit le quotidien.

Quand une victime porte plainte, on retourne la culpabilité vers elle

Marie Allibert, porte-parole de l'association Osez le féminisme

En plein débat sur le harcèlement et les agressions sexuelles, ce chiffre interpelle fortement. Comment expliquer cela ? "Ce n'est pas un problème uniquement français", expliquait en août dernier Marie Allibert, porte-parole de l'association Osez le féminisme, à L'Express. "Quand une victime porte plainte, on retourne la culpabilité vers elle. On fait planer sur les femmes le spectre de la dénonciation calomnieuse, on passe leur vie au crible pour voir si elles ne l'ont pas cherché. En définitif, on leur demande de prouver ce qu'elles ont subi", regrettait-elle.

Des preuves difficiles à avoir

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En 2012, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait essayé de donner un cadre légal à cette question du harcèlement sexuel. Celui-ci était alors défini comme "le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante", peut-on lire sur le site legifrance.fr.

Malgré cela, difficile pour les victimes d'obtenir des dossiers suffisamment solides devant les tribunaux. Le principal problème ? Le manque de preuves alors que la seule parole d'une victime ne peut suffire et que les témoignages sont particulièrement rares.

L'entreprise, un cadre sous pression

Et le monde de l'entreprise n'échappe pas à cette triste réalité. Une femme active sur cinq a fait face à une situation de harcèlement sexuel dans son parcours professionnel mais seulement 5% des cas ont été portés devant la justice, selon une enquête de l'Ifop de 2014 pour le Défenseur des droits.

Les victimes ont tout à perdre si elles n'arrivent pas à prouver les faits

Un inspecteur du travail du Val-de-Marne

Dans le cadre de l'entreprise, où les témoignages pourraient être plus nombreux, les moyens de pression sont énormes et poussent de nombreux employé(e)s au silence. Pourtant, la loi dispose qu'aucun salarié ne peut être licencié ou faire l'objet d'une mesure discriminatoire pour avoir témoigné de faits de harcèlement sexuel ou les avoir relatés. Malgré cela, "rares sont les victimes qui osent parler car elles ont tout à perdre si elles n'arrivent pas à prouver les faits, ce qui est extrêmement difficile", témoigne un inspecteur du travail du Val-de-Marne, sous couvert d'anonymat, à l'AFP.

Une situation qui agace particulièrement l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (Avft). Bien d'autres détails peuvent également appuyer le discours d'une victime. "Il y a des indices qui peuvent crédibiliser la parole d'une victime. Un changement de comportement, de style vestimentaire ou une dépression... On peut aussi interroger les anciens salariés, qui, sans se connaître, racontent la même histoire", détaille Laura Ignace, juriste au sein de l'association, au Parisien

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