Procès du meurtre de Lola : l'accusée ne souffre pas "de trouble psychique" et peut donc être jugée et condamnée

Dahbia Benkired, accusée d'avoir violé, torturé et tué, Lola Daviet, 12 ans, en octobre 2022, ne souffre pas "de trouble psychique qui aurait aboli ou altéré son discernement" et peut donc être jugée et condamnée, ont estimé ce jeudi 23 octobre 2025 trois experts psychiatres devant la cour d'assises de Paris. 

À la barre, les médecins ont exclu "toute pathologie psychiatrique" de Dahbia Benkired, "pas d'éléments psychopathologiques déresponsabilisant", "pas d'élément en lien avec la psychose, pas de trouble de l'humeur, pas de trouble anxieux". "Au contraire", d'une intelligence "normale", elle se montre "dans la domination et la maîtrise de l'instant, comme on en rencontre peu chez une femme", a noté une première psychiatre, "comme si, dans son discours, elle parsemait des indices et que c'était à nous de reconstituer le puzzle". 

Un "sentiment de malaise"

"Quand on sortait des entretiens, on avait à la fois la satisfaction de l'échange et un sentiment de malaise : on n'en retenait rien", a-t-elle poursuivi. "Chez elle, l'autre n'a pas une altérité propre, mais est perçu comme un objet : on prend, on casse, on jette", a décrit l'experte qui, "en quinze ans de carrière", n'a jamais éprouvé ce "sentiment de malaise, qui prend à la gorge" et relève de la "perversité structurelle". 

Mais si le crime semble "fou", son auteur ne l'est pas nécessairement, a insisté la spécialiste. "Quand un acte dépasse l'entendement, on aurait tendance à s'en référer à la folie d'une personne qui n'a plus sa raison et est gouvernée par un trouble mental". "Or", poursuit-elle, "il existe des personnes qui n'ont pas de troubles mentaux" mais qui passent à l'acte "sans que ça relève du champ de la psychose, de la paranoïa, de la schizophrénie... Ça arrive." 

"Je pense que la motivation est avant tout sexuelle"

Pourquoi et comment Dahbia Benkired a-t-elle pu attirer, séquestrer, violer, torturer et tuer la collégienne dans cet appartement du XIXe arrondissement de Paris ? "Je pense que la motivation est avant tout sexuelle, avec quelque chose qui aurait pu faire écho à un traumatisme très infantile dont elle n'aurait pas pleinement conscience, pour ensuite engendrer le décès de cette enfant", a répondu la psychiatre. 

Alors que l'accusée encourt la réclusion criminelle à perpétuité au terme d'un verdict attendu ce vendredi 24 octobre 2025, la médecin s'est montrée sceptique sur l'avenir : "il est toujours important de tenter d'éveiller un intérêt pour les soins, mais, au regard de sa structuration, le risque est qu'elle soit dans la perversion du lien avec un thérapeute". 

L'accusée n'aurait "aucune empathie pour la victime et sa famille", ont souligné les experts

Dans leurs rapports, les experts ont relevé les propos parfois glaçants que l'accusée a pu tenir lors de leurs entretiens : "C'est la première fois que vous voyez un cas comme ça ?" ou, à propos du crime, "J'ai compris que ça m'avait fait du bien". 

Dans la salle d'audience, la famille de Lola est en pleurs. Et plus encore lorsque le deuxième expert explique qu'il n'a relevé chez Dahbia Benkired "aucune empathie pour la victime et sa famille", mais qu'elle était "très préoccupée par sa situation judiciaire", en déplorant que "personne ne se mette à [sa] place". 

Un "narcissisme" aigu

"Notre connaissance médiatique de l'affaire nous orientait plutôt vers une abolition du discernement", a déclaré un psychiatre. Leurs conclusions sont finalement contraires à leur intuition première. Selon les experts, l'accusée aurait pu "s[e] nourrir", de la médiatisation du crime, mettant en avant son "narcissisme" aigu. Les réquisitions et le verdict sont attendus ce vendredi 24 octobre 2025.

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